Amour (vertu)

AMOUR UNIVERSEL

 

Le seul Sara Vastu dans ce monde est Prema ou Amour. Il est éternel, infini et ne décline jamais. L’amour physique est passion (Moha) ou engouement. L’amour universel n’est rien d’autre que l’amour Divin. L’Amour Cosmique ou amour universel sont des termes synonymes. Dieu est amour. L’amour est Dieu. Egoïsme, avidité, vanité, fierté, haine, contractent le cœur et sont des obstacles pour le développement de l’amour universel.

Développez l’amour universel progressivement par le service désintéressé, Satsanga avec de grandes âmes, la prière, la récitation de Gourou Mantras, etc. Au début, quand le cœur est contracté par l’égoïsme, l’homme n’aime que sa femme, ses enfants, quelques amis et parents. Quand il évolue, il aime les gens de son propre quartier, ensuite les gens de sa propre région. Plus tard, il développe de l’amour pour les gens de son pays. Finalement il commence à aimer d’autres gens de pays différents. A la longue, il commence à aimer tout le monde. Il développe l’amour universel. Toutes les barrières sont maintenant brisées. Le cœur est développé de manière infinie. Il est très facile de parler d’amour universel. Mais si vous voulez le mettre en pratique, cela devient extrêmement difficile. Des mesquineries de toutes sortes se présentent. Les anciennes impressions, que vous avez créées dans le passé par un mauvais mode de vie, agissent comme des obstacles. Vous pouvez surmonter très facilement tous les obstacles par une détermination sans faille, une volonté forte, la patience, la persévérance, et Vichara (l’investigation juste). La grâce du Seigneur descendra sur vous si vous êtes sincère.

L’amour universel trouve son apogée dans l’unité Advaitique ou conscience Upanishadique des voyants et des sages. L’amour pur est un grand égalisateur. Il apporte l’égalité et l’équanimité. Hafiz, Kabir, Mira, Gouranga, Tukaram, Ramdas—tous avaient goûté cet amour universel. Ce que d’autres ont réalisé, vous pouvez aussi le réaliser.

Ressentez que le monde entier est votre corps, votre propre maison. Faites tomber ou détruisez  toutes les barrières qui séparent l’homme de l’homme. L’idée de supériorité est ignorance ou illusion. Développez Viswa-prema, l’amour qui étreint tout. Unissez-vous à tous. La séparation c’est la mort. L’unité c’est la vie éternelle. Le monde entier est Visva-Brindavan. Sentez que ce corps est le temple vivant de Dieu. Où que vous soyez, à la maison, au bureau, à la gare ou au marché, ressentez que vous êtes dans le temple. Consacrez chaque acte comme une offrande à Dieu. Transformez chaque acte en Yoga en offrant ses fruits à Dieu. Ayez Akarta, Sakshi Bhava si vous êtes un étudiant du Vedanta. Ayez Nimitta Bhava si vous êtes un étudiant du Bhakti Marga. Ressentez que tous les êtres sont des images de Dieu. Isaavasyamidam Sarvam—ce monde est habité par le Seigneur. Sentez qu’un seul pouvoir de Dieu travaille à travers toutes les mains, voit à travers tous les yeux, entend à travers toutes les oreilles. Vous deviendrez un être changé. Vous jouirez de la plus grande paix et béatitude.

Que le Seigneur Hari vous prenne tous dans Son cœur et qu’il vous baigne avec les eaux du doux amour !

Que votre cœur soit rempli d’Amour Cosmique !

 

AMOUR COSMIQUE—AHIMSA

 

On a écrit et dit beaucoup de choses sur l’Amour Cosmique. Une exhortation à développer le dévouement et l’amour cosmique fait partie du sermon religieux. Et c’est très bien ainsi. Car le dévouement et l’amour cosmique sont l’alpha et le bêta de la vie spirituelle. Ils forment la fondation de la vie divine et leur influence est ressentie dans la superstructure. Il est vrai que ces vertus jumelles forment les préalables indispensables, les disciplines, les tests de progrès, la Réalisation Suprême, et sa manifestation ultérieure. Le dévouement et l’amour cosmique sont la Sadhana, Sadhya et Siddhi. Ils sont les lumières qui guident le Sadhaka et l’aura du Siddha. En aucun cas, ils ne peuvent être absents ! D’où la suprême importance de comprendre correctement le véritable sens du dévouement et de l’amour cosmique, car par un examen approfondi nous finirons par trouver que les deux ne sont en fait qu’un. Quelqu’un qui est vraiment dévoué, qui a abandonné l’amour de soi, se retrouve dans l’Amour Cosmique. Quelqu’un chez qui la très rare fleur de l’amour cosmique a grandi, a difficilement une pensée pour son propre soi, et encore moins de l’amour pour lui. Il est totalement dévoué.

L’amour cosmique en tant que Sadhana est le juste milieu entre Raga (amour immodéré ou attachement) et Dvesha (aversion). Il est très important pour un aspirant de se rappeler que l’amour cosmique est l’antithèse même de l’amour pour toute chose particulière ou personne. L’amour pour quelqu’un est Moha (illusion) et Raga (attachement). Il est la racine de l’attachement au Samsara. Par contre, l’amour cosmique libère et doit être distingué de Raga. Par conséquent, les écritures et les saints demandent au Sadhaka de développer Vairagya (l’antidote au poison de Raga) au plus haut point.

Ainsi, Vairagya est bon dans une certaine limite, mais il ne devrait pas mener le Sadhaka à l’exclusivité de soi, qui n’est rien d’autre qu’une forme subtile de l’égoïsme. Ici encore, il faut faire attention. L’aspirant qui cultive Vairagya avec zèle peut se détourner du monde, peut rejeter la compagnie et le confort, mais il peut devenir extrêmement égoïste. Il peut penser à lui, à sa Sadhana et à son Vairagya tout le temps. Il peut naturellement finir par voir chaque chose et chaque personne qui ne correspond pas à son opinion, son comportement, ses critères de conduite et sa Sadhana, de manière inamicale. Ceci est encore une fois extrême. Vairagya n’est pas une aversion méprisante mais l’absence de Raga ou amour immodéré ou attachement. L’aversion méprisante est, par contre, Dvesha subtil (aversion ou haine), Himsa subtil—la négation de Ahimsa.

Vairagya devrait être le corollaire naturel d’Ahimsa. L’attachement à toute chose autre que le Soi ou Atman devrait être abandonné. L’amour de soi, du corps, des modes de penser qui prennent la forme de dogmes et d’idéologies particulières, toute chose autre que le Soi devrait être abandonnée. Car quelqu’un qui adore ces ‘petites’ choses, les irréalités, les objets phénoménaux, est condamné à s’enchevêtrer dans les ‘Dvandas’ de ‘l’amour’ (Raga) et de ‘l’aversion’ (Dvesha). Pour illustrer : on peut ne plus avoir aucun attachement à sa propre famille, à ses biens ou même à son propre corps, mais on peut être attaché à une idéologie particulière. Il peut sembler qu’extérieurement il y ait un grand Vairagya, un dévouement parfait. Mais vous trouverez, après une analyse plus approfondie, qu’il n’en est rien. L’adoration d’une idéologie particulière, peu importe le degré subtil, veut dire une aversion (sinon haine) à une autre idéologie opposée. Et bien qu’on puisse s’efforcer de ne pas transformer cette aversion en animosité personnelle envers ceux qui ont ces points de vues différents, elle reste tapie dans un recoin du mental. Ceci est l’attachement (Raga) à cette idéologie et ainsi, il n’y a pas de Vairagya. Il y a adoration de quelque chose né de soi-même, quelle que puisse être sa subtilité et ainsi, il n’y a pas de dévouement. L’Amour Cosmique (par la même analyse) est absent.

Donc, nous devons trouver Ce qui n’est pas attachement, ni exclusivité de soi. Ceci est certainement l’Amour Cosmique, qui ne connaît ni haine quelle que soit sa forme subtile ou sublimée. Il est impossible de définir cet Amour cosmique—Anirvachaneeyam Prema-Svarupam. Le sage Patanjali Maharshi enjoint aux Sadhakas de rester établi en Ahimsa. Notez la sagesse qui l’incita à donner une nomenclature négative, Ahimsa. Ne nourrissez pas de mauvaises pensées, ne prononcez pas de mots méchants, ne blessez personne. Alors nous aurons un Sadhaka qui évite prudemment, sagement et efficacement toutes les extrêmes, toutes les chances de perversion. Lorsque le Sadhaka s’établit ainsi en Ahimsa, la lumière de la connaissance du Soi naît en lui. Il réalise que le Soi qui réside en lui, réside en tant que Soi dans tous les êtres. Le stade dans lequel cette connaissance se manifeste pleinement est Amour Cosmique.

Un tel sage, (car un sage est quelqu’un chez qui réside l’Amour Cosmique) ne fuit pas la société. Il ne hait personne. Il aime tout le monde, non pas avec une condescendance gracieuse, mais naturellement, comme une personne qui n’aime pas son propre soi au-dessus de tout autre chose, qui ne hait rien ni personne, et en qui il n’y pas la moindre trace de haine ou de rancune. Il aime le Soi qui pénètre toutes les créatures. Comme ce Soi est tout pénétrant, il n’est attaché à rien ni à personne. Il s’identifie avec tous car il est libre d’adoration de soi. Le service désintéressé est inné en lui comme la respiration est innée dans tous les êtres. Peu importe avec qui il entre en contact dans le cours normal de sa vie quotidienne, il l’adore en tant que manifestation de son propre Soi. Il lui souhaite du bien. Il est rempli de bonne volonté car il a chassé la rancune hors de son cœur. La pratique d’Ahimsa lui a permis de déraciner l’égoïsme. Un homme égoïste ne peut jamais vraiment pratiquer Ahimsa. L’amour de soi signifie toujours non amour pour quelque chose d’autre. L’empressement à acquérir quelque chose pour soi-même veut dire nécessairement effort pour en priver quelqu’un d’autre. Par contre, le sage qui est établit en Ahimsa ou Amour Cosmique, prend autant de plaisir dans le plaisir des autres que dans le sien. Quand il trouve quelqu’un en train de souffrir, il s’empresse de le soulager. Pas parce qu’il aime cette personne en particulier mais parce qu’il a réalisé que son propre Soi imprègne l’autre personne, parce que la bonne volonté ou Amour Cosmique qui remplit son cœur s’écoule vers l’homme souffrant, et tente de supprimer son malheur. Ce service, il le rend naturellement, service pour le plaisir du service. L’amour pour le plaisir de l’amour, service pour le plaisir du service, ces expressions ne peuvent être comprises que si vous observez le comportement de quelqu’un dont le cœur est rempli d’Amour Cosmique. C’est un amour qui ne réclame pas la réciprocité ; c’est un service qui ne regarde pas en arrière pour une appréciation ou une récompense. Dans cet amour, dans ce service, le Sage doté d’Amour Cosmique ne fait pas la moindre distinction. Pour lui, tous sont égaux. Autrement, ce ne serait pas de l’Amour Cosmique, ce ne serait pas Ahimsa, ce ne serait pas le dévouement. Il est tranquille et paisible car l’Amour Cosmique a éteint le feu de l’égoïsme, de l’envie, de la colère et de l’avidité, qui dévore la paix d’un homme ordinaire. Il est toujours heureux car il n’a pas de désir ; l’Amour Cosmique le garde toujours heureux du bonheur des autres, et il vit dans la Conscience Immortelle du Soi, dans l’indestructibilité de l’âme de l’homme.

Gloire, gloire au Sage rempli d’Amour Cosmique ! Que l’Amour Cosmique puisse demeurer dans le cœur de tous.