LE MENTAL MYSTERIEUX ET SON CONTROLE
Ame glorieuse et immortelle ! Beaucoup de choses ont été écrites en occident ces derniers temps sur les théories et les investigations psychologiques. Le sujet que nous allons discuter peut donc contenir plusieurs idées déjà familières à la plupart d’entre vous. Néanmoins, les choses qui doivent être connues et mémorisées sur le mental sont si importantes et inestimables, que de fréquentes répétitions sont nécessaires. Ce sont des faits qui doivent être considérés attentivement et assimilés correctement, non seulement une fois mais plusieurs fois. Si jamais il arrive qu’ils soient oubliés, vous devriez être capable de vous en rappeler par de telles pensées répétitives. La connaissance de ce mental mystérieux est ancien. Depuis l’aube de la civilisation, ces vérités ont été exposées par les Grands. Depuis les temps immémoriaux, la révélation des sages et des voyants illuminés a rappelé à l’homme sa vraie nature supramentale.
Nous considérerons aussi certains aspects totalement nouveaux, dont jusqu’à ces derniers temps, très peu de psychologues modernes, s’il y en avait, en eurent conscience. En occident, la connaissance du mental humain a été acquise par ce qui est connu comme ‘méthode scientifique’. Cela était plus ou moins une approche inductive. Les étudiants ont cherché à étudier le comportement des individus, et à en déduire certains faits relatifs au mental, et ensuite les généraliser. Ils procédaient de l’extérieur vers l’intérieur. En Orient, les investigations se sont faites par une voie complètement différente. La méthode a été celle de l’intuition, de l’approche de l’intérieur vers l’extérieur. La méthode, bien que de nature inductive, a été prouvée par le test du temps. Elle est au-delà de l’erreur car leurs prémices, basées sur l’intuition, étaient infaillibles.
Le mental vu comme un avantage
En Orient, les scientifiques de l’esprit s’élevèrent au-delà du mental par le processus du Yoga, et se séparèrent totalement de lui et de toutes ses fonctions associées, et à partir de là, non affectés par le mental, et entièrement libre de l’influence de ses modes habituels de pensée, étudièrent patiemment sa nature essentielle et inhérente, ainsi que son comportement. Ils le virent dans la lumière d’une expérience spirituelle tangible et supérieure, dans laquelle ils étaient établis, et d’où le mental était vu comme un objet distinct, séparé de celui qui observe et qui étudie. Combien de psychologues modernes des un ou deux siècles passés peuvent prétendre s’être ainsi élevés au-dessus du mental, être allé au-delà de son irrésistible influence, et à partir de ce point, avoir étudié son comportement comme un témoin clé et un observateur ? Les maîtres Yoguiques, scientifiques avoués du royaume intérieur de l’homme, ont atteint une paix et une indépendance supramentale, et étaient capables, pour ainsi dire, de placer le mental devant eux et ensuite de continuer l’étude de son fonctionnement d’une manière objective et magistrale.
Quand l’observateur est lui-même impliqué dans le sujet de son étude, ses résultats sont obligatoirement incomplets et mitigés, car lui-même est un facteur de cette chose qu’il essaie d’étudier. Il est impossible d’avoir une image sans distorsion et parfaitement claire de son sujet, sans avoir trouvé comment l’étudier de manière totalement objectif. Aussi longtemps que vous n’avez pas développé une faculté autre que ce mental (dans ce cas la faculté supramentale), aussi longtemps que vous ne vous en êtes pas libéré vous-mêmes, vous serez incapable de conduire des recherches satisfaisantes dans son royaume. Comme dit l’expression indienne : ‘Vous ne pouvez pas voir vos propres yeux’. Pour cela un miroir doit être placé devant votre visage. De même, pour étudier le mental, l’objectivation de celui-ci est nécessaire. Depuis bien longtemps, il y eut des voyants qui réussirent à atteindre l’état supramental, dans lequel des méthodes adaptées à une telle objectivation purent être adoptées ; les grandes découvertes vinrent de leurs profondes études, qui donnèrent à l’homme les pouvoirs que jusqu’alors, il était incapable d’obtenir.
Le mental est une merveille
Les pierres, les arbres, l’herbe et le sable, qui existent dans une zone géographique depuis des siècles, ne peuvent absolument rien connaître de leur environnement physique; mais quand un homme intelligent entre dans cette zone, il rassemble d’innombrables faits se rapportant à eux. Il analyse ces faits et de cette manière obtient une connaissance utile. Il peut, par exemple, déterminer la composition du sol, l’altitude de la région, l’endroit où le soleil se lève, la direction dans laquelle coule l’eau et souffle le vent. Les pierres et les rochers sont immobiles et insensibles. La végétation est entièrement inconsciente, ne sachant rien du sol dans lequel elle pousse, sur les vents qui soufflent au-dessus d’elle, sur l’eau qui l’irrigue. Seul dans l’homme il y a un facteur miraculeux qui lui donne une perception immédiate de son environnement, et qui lui donne simultanément la capacité de développer de la connaissance, d’où de nouvelles idées sont créées pour lui-même. Ce phénomène est le mystère de la vie humaine. C’est le mystère du mental.
Si vous êtes en possession de cette faculté mentale exceptionnelle, partout où vous allez, la connaissance vous ouvre sa porte, alors que privé de cette faculté, vous n’êtes plus qu’un caillou, une pierre ou un légume. Quand vous vous endormez, dès que le mental est absorbé, vous ‘perdez’ toute connaissance pratique. Au moment même où le mental se retire, il n’a même pas besoin de vous quitter, à cet instant vous devenez comme un bloc de pierre ou une pièce de bois. Ceci arrive à chaque fois que vous tombez dans cet état appelé sommeil. Au moment où le mental commence ses activités, le mouvement complet, miraculeux et inhérent à la vie, recommence encore une fois.
Qu’est-ce donc précisément cette chose appelée mental, dont le fonctionnement fait de l’homme le maître de la création et dont le non fonctionnement l’annule et fait de lui une non-entité ? Quelle est cette mystérieuse chose qui fait tant de différence dans notre être par son activité et son inactivité, par sa projection et sa retenue ? En cinq minutes, l’homme est capable de réduire une grande masse de perception et d’observation en des faits bien triés d’informations et, par le processus de rationalisation et de coordination, il les incorpore dans un système compréhensif de connaissance. Par un processus pas moins étonnant, l’homme est capable de marcher et de parler et d’exécuter différents mouvements compliqués, tous entraînés par les pensées et idées du mental.
L’homme est bien trop inconscient et ignorant de cette merveille intérieure qu’est son propre mental. Qui donne les pensées aux pensées ? Qui tourne le mental vers le mental et essaie de savoir quelque chose sur lui ? Ou plutôt, ne considérez-vous pas le mental comme allant de soi ? Ce n’est que quand il commence à dérailler que vous y faites totalement attention ; et alors vous êtes horrifié. N’y a-t-il pas une plus grande tragédie qui puisse frapper une maison ou une famille que la perte du mental d’un de ses membres ? Avec la perte du mental, une personne semble ne plus en être une. Alors soudainement, vous réalisez quelle haute importance a le mental et que le moindre revers met la vie en pièces ! Un gentleman très digne et remarquable, qui un soir boit un petit peu de trop, a son processus mental embrouillé, et fait de lui-même une personne stupide aussi bien devant ses subordonnés, cadets et amis, que devant des observateurs railleurs. Une personne droguée et dont les fonctions mentales sont arrêtées est dans un état de mort vivant. Un changement total est provoqué dans la personnalité chez laquelle la fonction mentale est dérangée. Une telle personne perd tout le respect qu’on prêtait à son attention. Il perd son importance voire même son individualité.
La faculté mentale est le plus grand cadeau que Dieu ait fait à l’âme individuelle. Il n’y a pas de plus grand cadeau. La nature humaine se compose du mental, mais malheureusement, le mental peut tout aussi bien être le plus grand fléau. Ce paradoxe est un des grands mystères de la vie. Tout le monde sait comment le mental peut assaillir l’homme avec son activité agitée. Néanmoins, la nature de cette activité est la différence la plus spécifique entre l’homme et l’espèce animale. Cette faculté capitale porte l’homme au pinacle de la création Divine, et lui est indispensable à sa vie dans le cadre de l’existence terrestre.
Nous voyons donc que le bonheur ou le malheur ne sont qu’une question d’état mental. La passion, les désirs sans limites, les impulsions incontrôlées, sont ce qui défait l’individu. Ils abaissent l’état du mental, et le résultat est une perte totale de paix et une terrible et intense agitation. Tout ceci est expérimenté comme douleur, soucis et souffrances. De telles expériences mentales sont celles qui rendent l’homme misérable, peu importe les autres avantages dont l’a doté Dieu. Vous pouvez avoir une famille, des amis et beaucoup de biens, mais si votre mental est en désordre ou désorganisé par des désirs indomptables, cela peut générer un enfer, même parmi les meilleures choses que Dieu vous a données sur terre. Par conséquent, c’est un grand et sérieux but d’essayer de comprendre le mental et d’en faire un usage correct. Le mental est désigné comme un instrument. La pensée est le plus grand pouvoir que vous puissiez posséder. Tout le monde a entendu cela, mais qu’est exactement ce pouvoir ? Et que signifie exactement ‘la pensée est pouvoir’ ? La pensée est votre bonheur ou votre malheur. La pensée est votre liberté ou votre attachement. La pensée est votre paradis ou votre enfer. La pensée peut, soit vous faire réussir, soit vous ruiner. Quand le processus de la pensée est finalement stoppé, la vie se termine. Ainsi, la pensée est vie.
Le mental et la pensée ne sont pas deux choses différentes. Si une personne est capable de stopper la pensée temporairement ou de manière permanente, alors le mental cesse d’être, temporairement ou de façon permanente. Si cela arrivait sans qu’elle le veuille, la personne serait anéantie. Mais, si cela devait se faire délibérément et scientifiquement, alors elle deviendrait le maître de l’univers. Elle contrôlerait tout l’univers car elle aurait le paradis sous ses ordres. L’interruption totale et complète de toute activité mentale, par une maîtrise complète de celui-ci, donne immédiatement à l’homme l’expérience de sa Vraie Nature. Quand le mental est complètement éradiqué, alors l’expérience de ce que vous êtes réellement vous remplit complètement. Vous vous reposez et vivez votre existence dans votre vrai Soi.
La conscience de l’homme n’est jamais comme elle est réellement. Le mental la voile, l’étouffe, et agit comme une barrière, comme une obstruction à l’expression de la Pure Conscience, qui est votre vraie nature. Vous devriez considérer votre mental comme un instrument, car quand son comportement et ses fonctions sont compris, vous pouvez l’utiliser comme le plus grand pouvoir que Dieu vous ait donné. Quand il n’est pas compris correctement, quand rien de son contrôle n’est connu, alors vous n’êtes qu’un jouet dans ses mains. Vous devriez vous reconnaître comme le maître du mental, car autrement vous feriez l’erreur de vous considérer comme une machine qui pense. Vous n’êtes pas une machine qui pense. Vous êtes le penseur—le directeur et contrôleur indépendant de cette machine pensante appelée mental. Si vous ne réalisez pas ceci, vous devenez l’esclave du mental. Telle la tendance de votre mental, telle vos actions. Vous n’êtes pas en paix. Vous êtes balancé comme un morceau de liège à la surface d’une mer houleuse. Au lieu d’utiliser le mental, vous en devenez dupe, vous devenez impuissant. Ceci ne doit pas être.
Le mental—la barrière entre l’homme et Dieu
Il est universellement connu que le mental est le seul lien entre l’homme et son corps, entre la personnalité et le monde extérieur. Depuis l’enfance, l’homme apprend tout sur l’univers par le mental. Les sens fournissent les données au mental. C’est le mental qui met en corrélation les données et produit de la connaissance. Il est ainsi le facteur essentiel dans la vie de l’homme. L’importance de ce facteur est reconnue en Orient mais en plus de cela, l’Orient a quelque chose de plus à dire sur le mental qui n’est pas mentionné par les psychologues occidentaux. L’Orient dit que le mental est aussi la plus grande barrière qui se trouve entre l’homme et sa véritable nature. C’est la barrière qui lui refuse pour toujours l’accès à l’infini. Il est la limite dans laquelle l’être humain est confiné et enfermé, dans la dimension d’une personne individuelle étroite. En luttant pour se développer et aller au-delà de ce niveau de conscience, l’homme est fortement opposé à son mental fini.
Comprendre, contrôler, et finalement surmonter la barrière du mental est la chose la plus importante dans la vie de l’homme. Le mental doit être maîtrisé. A l’arrière-plan, il y a cette Conscience d’un état d’être parfait où aucun souci ne vous touche et où il n’y a pas de peur ; il y a cette Réalité immuable qui se trouve au-delà de l’expérience fugace de ce monde phénoménal, tout comme il y a un écran fixe derrière le théâtre des personnages d’un film—un écran qui, malgré le jeu rapide d’ombres projetées sur lui, reste inchangé et inaltéré, même quand le jeu est fini. De la même manière, derrière toute expérience finie, il y a cet immuable substratum infini de l’indescriptible et pur Etre. Ceci est indestructible. Cet immuable état impérissable est votre véritable base. C’est votre demeure éternelle. C’est un état sans peur, de liberté et de joie—et son accès est bloqué par la barrière du mental.
Alors, de quelle manière exactement le mental refuse-t-il à l’homme l’accès à cette expérience illimitée ? Ceci est une question très importante. Cette question sous-entend un point crucial : Comment le mental peut-il être compris et comment peut-on s’en occuper ? Ceci est un point qui a été ignoré en occident. C’est d’une manière très particulière que le mental agit comme une barrière et bloque l’accès au Suprême. Il ne fait pas ce travail pernicieux en se mettant devant vous et en vous empêchant de trouver l’accès. Ceci étant, il ne se trouve pas effectivement entre vous et l’expérience divine. Vous êtes en fait plus près de cette conscience que le mental. Cette expérience divine est représentée par le cœur de votre être, et le mental est une barrière dans le sens qu’il vous tire vers l’extérieur et vous éloigne toujours de ce Centre. Il vous persuade toujours de rester à la surface, dans les bas-fonds, vous interdisant de plonger dans les profondeurs de votre être. Par ses désirs, ses tendances à aller vers l’extérieur et son habitude constante d’objectivation, le mental vous éloigne de votre Centre, canalisant votre être dans la grande variété des noms et des formes que constitue cet univers externe. Ceci est la manière dont agît le mental. Il vous détourne de votre véritable Centre conscient et vous disperse au milieu des choses externes.
Origine de la psychologie occidentale
Les psychologues ont étudié le mental en termes de caractéristique d’action et de comportement. Cette approche est due à la manière avec laquelle leur attention fut d’abord attirée sur le mental. Les psychologues occidentaux étaient essentiellement des médecins. Ils commencèrent à travailler dans des hôpitaux où étaient étudiés et améliorés les traitements de différentes affections et maladies. Ils trouvèrent que certaines maladies ne pouvaient être guéries par aucunes des mesures médicales et thérapeutiques, et de cette manière, ils tombèrent par hasard sur le fait que les causes derrières beaucoup de maladies étaient mentales. A partir de cette découverte, ils commencèrent à investiguer les fonctions mentales, et trouvèrent qu’il y avait certaines connections évidentes entre les fonctions du mental et ceux du corps. Dès le départ, les investigations de ces psychologues occidentaux étaient centrées sur les personnes malades, dont les maladies défiaient les traitements à base de médicaments. Par conséquent, nous pouvons dire sans exagération, que l’étude du mental en occident a ses origines dans une sorte de psychologie morbide. Le mental malade était le centre de l’attention des psychologues.
De leurs observations une grande science a été élaborée, mais dans son développement, les scientifiques avaient un grand désavantage, car ils étaient incapables d’étudier le mental tel qu’il était. Ils observèrent le mental malade, plutôt que celui de l’individu parfaitement sain. Ils investiguèrent le mental particulier et malade, plutôt que le mental représentatif d’une personne. En Orient, par contre, les grands Maîtres étudièrent le mental universel. Le mental comme centre intérieur de la vie et dans son aspect universel était l’objet de leur étude, et non le mental dans ‘une condition’ ou ‘une autre condition’, malade ou bien portant. Les Maîtres orientaux considéraient aussi l’ensemble matière et esprit et mirent soigneusement en corrélation leurs faits. Ils fouillèrent en eux-mêmes, et par l’introspection et la méditation, découvrirent des faits surprenants sur cette instrument intérieur que nous appelons mental. Leur étude était purement subjective. Pendant la méditation, les Maîtres orientaux atteignirent le cœur même de leur sujet et là, la Vérité se révéla à eux. Ainsi, ils ont autoritairement déclaré ce qui doit être connu sur le mental. De cette manière, l’origine orientale de cette science fut totalement différente de l’origine de la psychologie occidentale.
Caractéristiques du mental
La caractéristique principale du mental est l’externalisation. Les sages trouvèrent que le courant du mental allait vers l’extérieur et n’était pas centré vers l’intérieur. Ceci est la loi de la vie ; tout s’étend de son centre vers l’extérieur. Mais il y a une force qui essaie de tout retirer vers sa source et son centre. Quand la force d’externalisation est surmontée, l’homme est capable de libérer cette force de réintégration et de cette manière, trouve son centre. Quand cela est fait, sa recherche est finie. La vie est maîtrisée.
La seconde caractéristique du mental est une constante activité. Le mental n’est jamais au repos pas même un simple moment.
La troisième caractéristique est l’étendue de son activité. Il n’est pas seulement actif dans une direction, mais dans plusieurs directions. Un moment ici, un moment-là, et un moment partout.
Ainsi, en externalisation, en constante activité, et allant d’une chose à une autre, le mental est très difficile à contrôler. Pour le comprendre, cela demande beaucoup de subtilité. Il ne peut être vu ; il ne peut être mis dans une éprouvette et analysé ; il ne peut être observé sous un microscope. Bien que l’homme ne puisse pas faire grand-chose avec le mental, le mental peut pratiquement tout faire avec l’homme ! Il est si subtil, si abstrait et si complètement interne, que l’homme a beaucoup de difficulté à le comprendre. En un instant, il développe la forme de pensée de l’océan pacifique ou de l’espace infini, et ensuite, il se réduit dans la forme de pensée d’une graine de moutarde, d’une tête d’épingle ou d’un atome. Avec son centre apparemment au centre du cerveau humain, le mental peut penser à tout jusqu’à l’infini. D’un seul bond, il peut couvrir les systèmes stellaire, lunaire et solaire et avec la même capacité, il peut penser à quelque chose d’aussi petit qu’un grain de sable. Quel mental mystérieux !
Le mental assume trois états récurrents ou conditions chez chaque être humain. Vos fonctions conscientes à travers l’un ou l’autre de ces états (se rapportant à l’Avastha dans la philosophie Védantique). Il peut être externe ou il peut être interne, et s’il est interne, il peut être soit partiellement retiré ou totalement retiré. La plus grande partie du temps le mental est externe, et vous appelez cela l’état d’éveil. Quand vous dormez la nuit, le mental est partiellement retiré de l’univers extérieur, mais il est vigoureusement actif à l’intérieur. Ceci vous le connaissez vaguement comme l’état de rêve. Ici, le mental crée un monde similaire à ce que vous percevez et expérimentez durant l’état mentionné en premier, à savoir l’état d’éveil.
Quand le mental va au-delà de cette conscience de rêve, il sombre encore plus profondément et se retrouve complètement retiré et absorbé. Ce troisième état, que vous expérimentez chaque jour, est le sommeil profond. Peu de chose sont connus sur cet état, et vous n’y pensez que difficilement mais en fait, c’est l’état le plus important et le plus vital, car il contient une réelle indication sur votre véritable Soi intime directement au cœur de votre être. Dans cet état de retrait total du mental—un état de sommeil profond et sans rêves—, vous vous rapprochez de votre vraie et essentielle nature intérieure. Dans cet état, le mental est le plus près de sa source et de son centre, mais en même temps, il est si effacé que même sa pensée intérieure et primitive du ‘Je’ reste suspendue dans sa fonction. La seule indication de sa présence latente est le sentiment caractéristique de ‘Je me suis bien reposé’, ou ‘j’ai dormi profondément’, de l’individu lorsqu’il émerge à la conscience d’éveil.
La pensée racine primitive
Pourquoi le mental ne demeure-t-il pas dans son centre ? Pour quelle raison continue-t-il d’aller vers la conscience externe ? La première réponse est que le mental, de par sa nature même, tend vers l’externalisation. Deuxièmement, ce qui l’empêche de demeurer dans son centre est l’élan irrésistible de la pensée racine primitive ‘Je’. Cette pensée racine ‘Je’ forme la base même de votre fausse personnalité limité et séparatiste, et c’est cette pensée racine qui mystérieusement vous induit dans l’erreur de vous identifier avec le corps, les sens, le mental et ses humeurs, et avec les noms et les formes.
Quelle est la nature de la forme racine que prend le mental ? C’est le dénominateur commun universel et la nature essentielle de tout individu normal. C’est une racine commune au mental de chacun à la surface de cette terre. Elle ne doit pas être pensée en français. Sa forme apparaît dans toutes les langues. Au sens spirituel, c’est l’ennemi juré de l’évolution intérieure. Tous les caprices du mental viennent de lui. C’est la pensée ‘Je’. Combien de fois par jour cette pensée vient-elle dans le mental ? C’est la première pensée qui vous vient au réveil. Imaginez-vous que vous vous réveillez soudainement d’un sommeil profond au cœur de la nuit ; même avant que vous n’ouvriez les yeux, la première pensée qui vous vient est ‘Je’. Cette pensée ‘Je’ amène vers vous tout l’univers. Vous pouvez réaliser que c’est le cœur de la nuit, que vous êtes allongé sur un lit, soixante-dix centimètres au-dessus du sol. Le temps et l’espace, qui est la substance même de cet univers émerge de cette pensée ‘Je’. Après tout ceci vient mystérieusement votre identité. Vous savez qui vous êtes—votre nom, votre âge, votre fausse personnalité limitée. Ceci est le travail pernicieux du mental. La pensée ‘Je’, le pilier de base de votre personnalité psychologique naît en premier, et ensuite l’entière structure de l’être individuel fini s’appuie sur elle.
De cette structure naît la pensée ‘à moi’. Pendant que vous êtes encore couché, vous pouvez commencer à sentir, ‘mon dos est raide’, mes pieds sont glacés’, ‘mon cou est endolori’. A partir de là, vous voulez du confort et de la chaleur. Que cela vous plaise ou non, de ‘Je’ et de ‘à moi’ naissent l’égoïsme de base. Cela ne doit pas être interprété dans un sens moral ou théologique. Cet ‘égoïsme’ est le résultat naturel du fonctionnement du mental et la nature de base de tout individu normal. Chacun veut quelque chose pour soi-même. Ceci est aussi vieux que le monde, et la société humaine fonctionne sur ce facteur de base, aussi peu flatteur que cela puisse être. Vous pouvez dire, ‘je ne suis pas égoïste’, mais le fait profond est que vous agissez sans égoïsme, parce que cela veut dire quelque chose pour vous. Cela vous apporte quelque chose que vous aimez et qui vous plait. Comme dans toute chose que l’être humain fait, il y a un motif intérieur profond, même derrière le ‘non égoïsme’. Dans ce motif, dans cet égoïsme, se trouve le centre de la personnalité, le centre de la vie. Ainsi, la base subtile de l’être humain est égoïsme.
Dans l’action, la roue toujours tournante du mental comporte, pour ainsi dire, deux rayons. Ces deux rayons sont attraction et répulsion, aimer et ne pas aimer. Qu’est-ce que l’homme aime ? Il aime ces choses qui sont plaisantes, confortables et commodes. Il n’aime pas ces choses qui sont douloureuses, inconfortables et déplaisantes. Le centre de cette roue est l’ego.
Quand cette roue tournante apparaît sur l’ego, quand les images de choses, que l’on aime ou que l’on n’aime pas, sont perçus à travers les sens, des désirs sont générés dans le mental ; désirs de contact ou d’obtention des choses qui sont plaisantes et agréables, et désirs d’échapper et d’éviter ces choses qui sont déplaisantes et désagréables. Quand vous analysez la vie de tout être humain, vous trouvez deux catégories d’activités constituant toutes les occupations de la vie ; car toute activité est soit ce qui se produit pendant qu’on s’efforce d’obtenir ce qu’on aime, ou soit ce qui arrive pendant qu’on lutte pour éviter ce qu’on n’aime pas. Agacement ou colère est ressenti quand une telle tentative se fait et qu’elle est contrariée ou bloquée par quelque chose ou quelqu’un. Une agitation intense se manifeste quand un désir est ressenti, mais pas réalisé. Ensuite, quand un désir est ressenti et réalisé, mais que la réalisation ne correspond pas au concept original, qu’arrive-t-il ? Le désappointement est expérimenté ; une désillusion douloureuse se met en place. Même quand le désir est complètement réalisé, comme attendu, l’anxiété surgit dans le mental, anxiété pour préserver la chose ou l’expérience ainsi obtenue, anxiété qui doit disparaître rapidement, comme cela se doit, car toutes les choses sont finies et par conséquent changent, périssent et passent rapidement. Ce qui est encore pire est que, lors d’une quête fiévreuse d’un objet, on voit les autres déjà en sa possession et en jouir et qu’alors, la jalousie, la haine et l’envie tourmentent et détruisent la paix du mental.
Toutes ces attitudes naissent de la pensée primitive ‘Je’ et de son successeur principal ‘à moi’. Ils se succèdent les unes après les autres, à une telle vitesse, que la vie entière de l’homme est constamment remplie des clameurs et réclamations des humeurs, pensées et sentiments sans cesse changeants de cette mystérieuse chose connue comme le mental. ‘Je’ et ‘à moi’, aimer et ne pas aimer, désirs, agitations et ensuite colère, désappointement, allégresse égoïste, attachement, jalousie et haine, accablent sans cesse le mental et le garde en effervescence. Ceci est le cours habituel que poursuit le mental. Pourquoi ? Parce que le mental s’est perdu en s’occupant de choses en dehors de lui. Etant allé vers l’extérieur et de par sa nature même, il s’attache et se lie avec les choses et ainsi s’implique dans des activités extérieures sans fin. Un épouvantable attachement est le sort du mental qui ne discrimine pas, et de la raison bornée du commun des mortels.
Ce qui va être décrit maintenant est très important. Au moment où une expérience est faite par le mental venant des sens et envers un objet désiré, une chose très importante arrive. Le mental enregistre immédiatement l’expérience ainsi obtenue par le contact des sens avec l’objet extérieur. Une impression subtile est faite dans le mental. Cette impression est pratiquement indélébile. Ceci nous amène à étudier une autre phase saisissante et très importante de notre mental.
Fonctionnement des impressions subtiles
Tout comme une graine est semée dans le sol, de même l’impression de chaque expérience est faite dans le mental. Ces impressions d’expériences sont ‘en vie’. Ils ont en eux le pouvoir de recréer l’entière expérience qui fut leur cause en première instance. (En fait, chaque impression recherche une répétition de l’expérience correspondante originale).
Donc, les désirs tendent à gagner en force quand ils sont réalisés. C’est la nature même du désir. Comme l’impression d’une expérience particulière, d’une réalisation particulière d’un désir, devient de plus en plus profonde, conforté par chaque réalisation de ce même désir, cette impression commence à se développer dans le mental en une tendance définitive. Le désir n’est jamais assouvi par sa réalisation.
Les prédilections du mental n’attendent qu’à être stimulées. Dès que l’objet désiré est aperçu encore une fois au dehors, ou est entendu ou même pensé, le désir naît immédiatement. Il se manifeste lui-même et pousse le mental vers l’extérieur. Quand ces vagues de pensées coulent dans le mental, l’imagination se met en route pour montrer à quel point cet objet est doux et désirable, et à quel point son attraction est attrayante. A partir du moment où l’imagination s’engage ainsi, ces pensées manifestent une forte envie. De telles pensées, l’imagination jouant avec, attachent l’homme. Son identification totale avec les différentes humeurs du mental fait de lui un esclave des désirs qui opèrent en lui. Ainsi, quand une forte envie est ressentie, vous êtes poussé par elle. Même l’aspect volontaire de l’ego est attaché à la nature désireuse du mental. Il est ainsi amené à supporter toute l’affaire, et l’individu est poussé à l’action, pris dans l’action pour satisfaire son désir. Le désir étant assouvi, le cercle vicieux est encore une fois achevé. Encore une fois cette expérience a été obtenue et l’impression gravée dans le mental a été rendue encore plus profonde.
Ceci est le cercle dans lequel l’homme s’est pris. Il est comme un jouet, une poupée, un pantin du mental qui refuse toute retenue. Le mental veut être plein de désir et d’agitation et ne veut pas être contrôlé. A moins qu’il ne soit observé et discipliné quotidiennement, l’homme vivra sa vie comme une poupée et finira sa vie en esclavage.
La plus grande partie des êtres humains n’est que poussée par chaque petit désir et impulsion du mental. Ils n’ont pas de liberté. La liberté individuelle n’est qu’un mythe. La liberté de la presse, la liberté d’expression, l’habeas corpus act peuvent exister, mais à moins que et jusqu’à ce que les êtres humains se soient rendus maître de leur mental, de leurs désirs et de leurs impulsions, ils vivront en esclavage et leur liberté n’en aura que le nom.
Quand l’homme aura une compréhension de l’activité du mental (comment la pensée ‘Je’ est la pensée racine même du mental), et trouvera comment il fonctionne, alors il sera capable d’avoir une emprise sur lui. Ici, nous avons une des choses les plus intéressantes sur le mental. Parce que la pensée ‘Je’ est complètement en prise avec le mental, l’homme est incapable d’aller au cœur de son être où se trouve le centre de sa conscience. Cette expérience ineffable de paix est précisément refusée par le mental à l’homme, de la manière susmentionnée.
Comment transcender le mental
Donc, le problème a été clairement exposé. Quelle est la solution ? La solution réside dans la réversion complète de ce processus. D’abord vous devez essayer de contrôler l’externalisation du mental en surmontant les désirs. Très simple à dire ; mais comment peut-on surmonter les désirs ? Cela n’est pas très facile. La pensée juste et le raisonnement discriminatif sont la clef de cette solution. Différentes méthodes ont été données. La chose la plus importante est de savoir que vous êtes distinct et différents des désirs. VOUS êtes entièrement séparé de tout désir et pensée. VOUS êtes conscience, donc un être plus profond et complètement au-delà du mental et de ses innombrables modes. Ceci est le secret. Vous n’êtes pas le mental. Sachez que vous êtes indépendant du mental. Ceci est très difficile à réaliser, parce que le mental est si persistant, et que votre sentiment présent d’identification avec lui est total. La pensée subtile ‘Je’ est si insaisissable et si délicate, qu’elle résiste à une solide analyse et échappe à une calme observation, mais si vous réussissez, par des tentatives persistantes et répétées à la saisir et à la disséquer, quand vous savez que vous êtes distinct et séparé d’elle, alors vous vous êtes donné un formidable avantage d’où vous pouvez observer le mental. Avant, lorsque vous étiez indiscipliné et indulgent, vous étiez impuissant. Mais maintenant que vous êtes séparé et à côté de votre mental et de la pensée ‘Je’, vous êtes le maître. Vous pouvez l’observer en tant que Conscience Témoin séparé d’elle.
Vous devez ainsi être capable de percevoir tous les modes de votre entière personnalité. Vous êtes la Conscience Témoin intérieure, détachée et silencieuse. Vous n’êtes pas les sens ; vous n’êtes pas le mental ; vous n’êtes pas la pensée, l’émotion ou le sentiment. Vous êtes même au-delà de l’intellect, qui est trompé et vaincu par cette illusion de fausse identification. Ainsi, ce que vous devez finalement développer est que vous n’êtes pas même cette pensée ‘Je’, qui vous est chère et à laquelle vous vous agrippez. Même cette pensée de ‘Je’ n’est qu’un simple mode du mental, comme toutes les autres pensées. Le véritable ‘Je’ (le vrai VOUS intérieur) est un facteur supramental. Vous êtes un être pur, distinct de cette idée de ‘Je’ que pense habituellement le mental. Transcendez le mental. Vous êtes pure conscience et votre vraie identité est ‘Etre Conscience’. Vous êtes le véritable penseur de la pensée ‘Je’ et vous utilisez le mental pour vous exprimer. Cette Conscience est la base de votre Etre d’où provient la pensée ‘Je’. Dans votre état présent d’illusion, ceci n’est pas perçu. Votre perception est obscurcie. A partir du moment où la pensée ‘Je’ est conçu par le mental, celui-ci est déjà frappé par la maladie la plus pernicieuse. Cette maladie, selon les Vedas, est la surimposition de vous-mêmes sur le corps physique. Vous insinuez que vous êtes ceci—les yeux, oreilles, nez, langue, mains, pieds, tête, etc. N’est-ce pas assez d’être pris dans les limitations et l’attachement de ce corps individuel qui vous retient ? Pourquoi rendre ceci infiniment pire en vous identifiant avec chacun de ses aspects ? Le corps est en fait une maison prison et quand je dis que ceci est infiniment pire, je veux dire que c’est le mental qui fait ce travail et pas VOUS, car votre malheur est le mental avec sa notion de ‘je suis ce corps’. Ce mental ne vous donnera aucun repos. Ce n’est que si vous pouvez briser cette fausse idée, que vous saurez que vous n’êtes pas ce corps, que vous n’êtes pas ce mental.
Diriger le courant de pensée sortant vers l’intérieur est la grande science du mental qui doit être apprise. Commencez par la non coopération avec le mental. Chaque fois que le mental crée un besoin et veut faire quelque chose, affirmez votre indépendance et dites : ‘Non, je ne veux pas le faire’ et chaque fois que le mental refuse de faire quelque chose dites : ‘Tu le feras’. Dites-vous toujours : ‘Je suis le maître de cette maison (corps mental). Je ne veux pas être dominé et commandé par le mental criblé de désirs. Je serai le décideur. J’affirmerai ma maîtrise et le mental m’écoutera et m’obéira’.
Le mental en tant que pensée n’est pas dominant. Le mental en tant que ‘Je’ n’est pas non plus dominant, car il n’a pas de dynamisme en lui ; ce n’est qu’un mode habituel du mental. Mais quand les désirs se développent à partir des pensées ‘Je’ et ‘à moi’, et quand l’imagination se met à jouer, le problème commence. C’est le fait de laisser l’imagination jouer avec vos pensées qui leur donne un dynamisme. Plus on s’attarde sur une pensée, plus vite elle se développe en une forme dynamique de désir. Par conséquent, dès qu’une pensée apparaît, écartez-la. Les Hindous disent qu’un grand feu de forêt peut être évité si vous écrasez les petites étincelles dès le départ.
Supposons que la pensée n’atteint pas l’état de désir, vous devez quand même vous rappeler que ce n’est pas VOUS. Ne vous associez pas avec elle. Ne vous impliquez pas en elle. Ne vous identifiez pas avec elle. Reconnaissez-vous comme étant séparé de la pensée et ne la réalisez pas. Déconnectez-vous de la pensée et restez à côté.
Bien que le mental semble capable de penser à cent différentes pensées à la fois, la vérité scientifique précise est que le mental ne peut penser qu’à une seule pensée à l’instant donné. Ceci est une mystérieuse caractéristique de la substance mentale. A cause de sa nature finie, le mental ne peut penser qu’en série. Le mental pense avec une telle rapidité qu’il semble que les pensées soient simultanées, et pourtant le mental n’entretient qu’une seule pensée à la fois.
De ce fait, il a été suggéré que si vous développez consciemment certaines pensées, alors aucune autre pensée ne peut occuper le champ mental à ce moment-là. Créez vos propres pensées en maître, et vous serez libre de la plaie de la pensée décousue et diversifiée. Vous ne serez plus longtemps la proie de vaines imaginations. Contrôlez le mental. Créez des pensées bonnes et nobles, alors plus aucune autre pensée indigne ou négative ne peut persister.
La technique de la pensée sélective du Raja Yoga
Patanjali, qui a exposé la science la plus complète de contrôle du mental, a dit que si vous voulez vous débarrassez d’une pensée particulière, vous devriez développer instantanément une contre pensée de nature opposée. Si par exemple, vous avez une certaine pensée négative de peur, alors introduisez une pensée positive de courage. Si vous avez une pensée négative de haine ou d’hostilité, créez immédiatement, dans votre mental, une pensée positive d’amour, d’amitié et de fraternité. Remplissez-vous du sentiment de cordialité. Si vous avez été vaincu par une pensée de préjugé ou d’intolérance, faites naître des pensées et des sentiments de sympathie, de compréhension et d’unité. Ceci peut être fait à tout moment en référence à une pensée négative spécifique. Cette pratique peut aussi être entreprise comme un cours complet d’auto-transformation psychologique, en pratiquant systématiquement cette technique, jour après jour. C’est une discipline intérieure inestimable pour votre progrès et développement éthique. Elle peut vous aider même dans votre éveil spirituel.
Si vous êtes facilement sujet à des pensées de colère, alors remplissez délibérément votre mental avec des pensées de patience, d’amour et de gentillesse. Isolez-vous également quelque temps chaque jour, et en silence, réfléchissez sur la gloire de la gentillesse, de la compassion et du pardon. Méditez sur cela. Pensez soigneusement au désavantage et au côté néfaste de la colère. Réfléchissez positivement sur les grands avantages physique, mental, social et éthique, d’une humeur douce et égale. Méditez sur la personnalité sublime et la vie de Jésus Christ, Mahatma Gandhi, Saint François d’Assise ou Abraham Lincoln. Après une pratique persistante, les pensées de colère s’arrêteront complètement. Ils ne pourront plus rester dans le mental car sa substance a été modifiée.
Si vous ne remplissez pas le mental consciemment avec des pensées délibérément choisies, alors il se remplira toujours lui-même avec ses propres pensées incontrôlables, et ceci lui permettra de croître, pour ainsi dire, de manière sauvage, dans sa propre nature entêtée. La pensée sélective est la clef du problème du contrôle mental. La pensée discriminative est l’essence du contrôle mental.
Quand vous commencez la tâche de discipliner et d’entraîner le mental, vous devenez sélectif dans vos pensées. Alors, vous nourrissez le mental avec des pensées bonnes, pures, correctes, positives et plaisantes, de votre choix. Gardez fréquemment certaines pensées images dans votre vision mentale intérieure. Vous serez inspirés. Ces pensées images vous élèveront. Elles bâtiront une nouvelle personnalité en vous. Ces pensées images peuvent être écrites et placées devant vous, à l’extérieur, au mur, sur la table, dans la maison, au bureau, dans votre poche, dans votre portefeuille. Par un sens extérieur et une vision mentale intérieure, par les yeux et par la pensée, le mental est refait et fondu dans un nouveau moule. C’est vraiment un processus de re-création mentale. C’est une renaissance psychologique. Ceci pourrait bien être, et en fait, est le précurseur de ‘la renaissance de l’Esprit’ expliqué patiemment par Jésus au sérieux et investigateur Nicodèmes.
Pratiquez cette technique de pensée sélective et discriminative d’une manière systématique. Vous serez bientôt capable de régénérer complètement la nature de votre mental. Vous réaliserez que vous êtes l’artiste intérieur, qui est en train de modeler la substance mentale en une belle forme de votre choix. Vous devez y travailler comme un sculpteur travaille son matériel, comme un grand maître ciselant le marbre pour en faire ressortir une merveilleuse beauté. Rappelez-vous qu’aussi longtemps que vous pensez que vous ne faites qu’un avec le mental, le véritable pouvoir de la pensée vous est interdit. Par conséquent, affirmez votre indépendance. Ceci est la clef du contrôle du mental.
Hâta Yoga—une aide pour le contrôle du mental.
En plus de ces méthodes positives pour maîtriser le mental, vous savez peut-être que le mental est influencé par les trois états vibratoires intérieurs appelés (en terminologie Yoguique) Gunas—voulant dire qualités. Ce sont Sattva, Rajas et Tamas. Sattva veut dire pureté et clarté. Rajas veut dire passion et activité. Tamas veut dire inertie, obscurité et lourdeur. La pureté tend à stabiliser le mental et le fait aller vers l’intérieur, alors que la passion et l’impureté projette le mental dans un état d’agitation et de trouble, et l’extériorise hors de son centre. Le mental qui est rendu Sattvique est bien équilibré. La pureté dans la vie, dans tous les domaines, est une importante condition pour le raffinement de la nature et pour le renforcement de l’être.
Pour améliorer la stabilité du mental, la pratique de certaines postures Yoguiques est utile et bénéfique, car il y a une interconnexion entre le corps et le mental. Le Hâta Yoga est ici recommandé comme une technique supplémentaire, et la pratique de quelques exercices préliminaires, pendant une demi-heure chaque matin et soir, aide à changer l’état vibratoire du mental. Cela l’amène de la passion à la pureté. En apprenant à garder le corps ferme et plein d’assurance, le mental est contenu et une merveilleuse harmonie se crée à l’intérieur. Ces postures Yoguiques et techniques de respiration simples peuvent être pratiqué par tout le monde comme auxiliaires pour augmenter les autres efforts de contrôle du mental.
Le point principal qu’il faut se rappeler est que le mental est un instrument. Il a été fait pour être utilisé par vous. Il n’a pas été fait pour vous utiliser. Il doit être gardé sous votre contrôle. Vous êtes le maître. Si vous ressentez ce point, le pouvoir naîtra en vous. Ce fait est vérité. La Vérité est tout pouvoir et toute positivité. Par conséquent, restez toujours comme une conscience témoin non affectée et détachée. Regardez le mental comme quelque chose de différent de vous et bientôt vous serez capable de le saisir et de l’assagir. En faisant cela, le succès viendra progressivement.
Il est difficile, indubitablement, de développer de nouvelles habitudes, mais une fois que le secret susmentionné est connu, tout le processus s’en trouve grandement simplifié. La bonne technique n’est pas autant de lutter contre l’habitude qui doit être brisée, mais de commencer à bâtir la nouvelle qui doit remplacer l’ancienne. Quand ce travail est commencé, l’ancienne habitude ne peut rester. Ceci est le ‘truc’ et incroyablement et sans aucun effort l’ancienne habitude simplement disparaît. Chaque habitude peut être brisée et tout le mental peut être renouvelé.
A un certain stade de ce renouvellement, vous vous retrouvez dans une position très curieuse et intéressante. Vous semblez avoir deux mentaux—un mental supérieur et un mental inférieur—un mental pur et un mental non régénéré et obstiné. Le fait même d’être arrivé à ce point, implique d’avoir surmonté les pensées négatives de sa propre personnalité, et alors seulement on arrive au stade de la contemplation.
Si cette méthode scientifique est correctement utilisée, et que l’accent correct est donné pour l’éradication totale de tous les aspects négatifs de la personnalité individuelle, la vie se retrouve basée sur la vertu et l’auto contrôle. Poursuivant de cette manière, selon le Raja Yoga, l’état intérieur noble est alors atteint, dans lequel toutes les pensées sont arrêtées et le mental inférieur cesse de fonctionner. Votre Pure Conscience, votre glorieuse nature Intérieure, rempli de béatitude et de paix, commence à se manifester. Comme témoin conscience silencieux, vous commencez à expérimenter la Vérité. Vous réalisez votre vrai Soi. Ceci est la connaissance du Soi, la connaissance de la Vérité intérieure. Cette connaissance vous donne la liberté.
(Swami Chidananda)