La souffrance : un tremplin vers le succès
La dure vérité est que le but de la vie ou la perfection ne peuvent être atteint que par la douleur et la souffrance. La souffrance est le moyen par lequel l’homme est façonné, discipliné et renforcé. Tout comme l’or impur est changé en or pur en le fondant dans le creuset, l’homme faible, imparfait et impur est rendu pur, parfait et fort en étant fondu dans le creuset de la souffrance et de la douleur. Par conséquent, on ne devrait pas être effrayé par la douleur et la souffrance. Ce sont des bénédictions déguisées. Elles ouvrent les yeux. Ce sont des instructrices silencieuses. Elles tournent le mental vers Dieu, insufflent de la miséricorde dans les cœurs, renforcent la volonté, développent la patience et le pouvoir d’endurance qui sont les préalables à la réalisation de Dieu.
La plus grande souffrance et le plus grand chagrin sont le commencement de la sainteté.
La souffrance tourne le mental vers Dieu. La souffrance insuffle de la miséricorde dans le cœur et l’adoucit. La souffrance rend fort. La souffrance amène le détachement. Tout comme vous n’obtenez l’odeur qu’en frottant les feuilles d’un noyer ou d’un arbre à verveine, vous n’obtiendrez l’essence de l’homme que s’il souffre ou s’il a des problèmes. Par conséquent, la souffrance est une bénédiction cachée. C’est la seule bonne chose dans ce monde
Il ne peut y avoir de force sans souffrance. Il ne peut y avoir de succès sans souffrance. Sans soucis et sans persécution personne ne peut devenir un saint ou un sage. Chaque souffrance est destinée à l’élévation et au développement personnel.
La souffrance augmente le pouvoir d’endurance, la miséricorde, la foi en Dieu et supprime l’égoïsme. La calamité est une bénédiction cachée pour inculquer le pouvoir d’endurance et la miséricorde dans le cœur, et pour tourner le mental vers Dieu.
La souffrance insuffle l’humilité, la force, le pouvoir d’endurance et l’esprit de lutte et de persévérance, alors que le luxe engendre la paresse, la fierté, la faiblesse, l’inertie et toutes sortes de mauvaises habitudes.
L’épreuve est un creuset dans lequel la nature jette un homme lorsqu’elle veut le modeler pour en faire un surhomme sublime.
Chaque difficulté qui apparaît sur le chemin spirituel est une opportunité pour croître encore plus et pour renforcer notre volonté. Celui qui sait comment souffrir jouit de plus de paix.
Une atmosphère peu agréable, un environnement défavorable et des obstacles aideront une personne à continuer la lutte plus vigoureusement et avec plus de zèle. Par l’épreuve et l’adversité, même un homme faible acquiert une masse d’énergie et devient fort et sublime.
Un véritable héros se réjouit dans la souffrance. Il subit volontairement la douleur et la souffrance pour servir et faire plaisir aux autres, et pour se modeler sur son propre chemin.
La souffrance ouvre les yeux ; elle est le vrai guide. Dieu vous a poussé vers ce test sévère pour vous rendre plus fort et plus puissant. Comprenez bien ce secret. Ne soyez jamais déprimé. Riez, sautez de joie, sifflez et souriez tout le temps.
Chaque souffrance est destinée à l’amélioration et au développement personnel.
CAUSE DE LA SOUFFRANCE
L’attachement est la cause racine de toutes les maux et souffrances humaines. Il est le produit de l’ignorance ou Avidya. C’est la modification de l’ignorance. Le mari pleure au décès de sa femme car il est attaché au corps physique de sa femme. La femme pleure au décès de son mari non pas par pur amour pour lui mais tout simplement parce qu’elle ne peut plus avoir de plaisir sexuel et autres réconforts dont elle profitait quand il était encore en vie. Quand il y a attachement, il y a Moha ou peur. Moha (passion ou illusion) et la peur sont des associées de vieille date de l’attachement. La cause de la peur est l’attachement pour ce corps et les biens. L’attachement et la peur sont inséparables. Ils sont comme le feu et la chaleur.
L’attachement est l’arme la plus puissante pour lier les Jivas à la roue du Samsara des naissances et des morts. Vous ne seriez jamais venu dans ce monde si vous n’aviez pas eu d’attachement. Le premier attachement commence par ce corps physique. Puis, tous les autres attachements surgissent ; le lien de parenté avec le père, la mère, la sœur, le frère, la femme, etc. On peut aussi être attaché à un endroit, une personne ou un objet. Quand il y a attachement, il y a l’idée de ‘MIEN’ ou ‘MAMATA’. L’attachement est une sorte de colle forte qui fixe le mental sur les objets. Pourquoi le mental s’attache-t-il aux objets ou aux personnes ? Parce qu’il trouve du plaisir dans ces objets ou personnes. Partout où il y a plaisir, se trouve l’attachement. Il y a attachement à la femme, fils, maison ou ami car le mental trouve du plaisir dans ces objets.
Le mental fait tout son possible pour s’attacher à une forme ou une autre. Il ne peut jamais rester sans s’y cramponner. Il quitte une forme et s’agrippe immédiatement à une autre. Ceci est son Svabhava. Ceci est dû à la qualité de Rajas. Si Rajas est éradiqué, tous les attachements disparaîtront d’eux-mêmes. Les gens sont attachés à des choses dérisoires, même à des carnets, des bâtons de marche, des images, des mouchoirs, etc. une amitié de plusieurs années s’est terminée quand Mr Kishen Prasad, qui est un ami de Mr Ram Narayan, perdit un petit livre qu’il avait emprunté à ce dernier. Une dispute s’ensuivit. Des paroles déplacées et des injures sont prononcées et, à partir de ce moment-là, ils ne se parlent et ne se voient plus. Les femmes se disputent pour des petites choses. Tout ceci résulte de l’attachement. Des Sannyasins sont même attachés à leurs Kamandalus, bâtons et petits verres. Même au moment de leur mort ils entretiennent des pensées de choses insignifiantes. Le mental est élaboré de telle façon qu’il reste enfoncé dans les anciennes ornières et sillons. Cela demande une discipline drastique et rigoureuse, ainsi qu’une véritable Sadhana pour se débarrasser de toutes les sortes d’attachement. On doit lutter durement et faire Vichara. Le mental a besoin d’un entraînement constant. Si quelqu’un dit : ‘Cette maison est en feu’, ‘le cheval est mort’, vous n’en êtes pas affecté. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a ni attachement, ni identification. Mais si on dit : ‘La maison de Mr Ram Narayan est en feu’, ‘ Le cheval de Mr Ganga Shankar est mort’, tout de suite l’attachement joue son rôle. Pourquoi ? Parce que vous avez une identification avec la maison et le cheval. C’est vraiment l’attachement qui amène la souffrance.
PRATIQUE DU NON ATTACHEMENT
Quand vous travaillez, pensez que vous êtes un instrument dans les mains du Divin. L’égoïsme et la respectabilité s’évanouiront. N’attendez pas de fruits de vos actions. Comment pouvez-vous attendre des fruits quand un autre, à savoir Dieu, travaille à travers vous ? De plus, si vous êtes conscient que le monde est rempli de souffrances, quelle est l’utilité de revenir dans ce monde ? Vous êtes un jouet dans les mains de Dieu. C’est Lui qui tient la corde. Faites toutes les actions avec un sentiment de devoir. Réduisez vos besoins. Menez une vie très simple. Haïssez le luxe. Contrôlez les sens. Regardez tout et chacun dans ce monde comme une manifestation de Narayana. Pensez que ce monde est illusoire et un long rêve. Comment peut-il alors y avoir de l’attachement dans le mental ? Si vous faites les actions de cette manière vous deviendrez un Yogi pratique, je vous l’assure. Soyez inébranlable. Revêtez votre armure et engagez-vous courageusement dans la bataille de la vie quotidienne.
(Swami Sivananda)