Qui est Dieu
Dieu est Satchitananda (existence absolue, connaissance absolue, béatitude absolue). Dieu est Vérité. Dieu est Lumière des lumières. Dieu est intelligence toute-pénétrante ou conscience. Dieu est le pouvoir tout-pénétrant qui gouverne cet univers et le garde en parfait ordre. Il est le gouverneur intérieur de ce corps et de ce mental (Antaryamin). Il est omnipotent, omniscient et omniprésent. Il a les six attributs de Jnana (sagesse), Vairagya (détachement), Bala (force), Aisvarya (Siddhis ou pouvoirs), Sri (richesse) et Kirti (renommée). C’est pour cela qu’Il est appelé Bhagavan.
Il existe dans le passé, présent et futur. Il est inchangé parmi les phénomènes changeants et impérissable parmi les choses périssables de ce monde. Il est Nitya, Sasvata, Avinasi, Avyaya et Akshara. Il a créé ce monde par les trois gunas—Sattva, Rajas et Tamas—pour son propre Lila. Il a Maya sous son contrôle.
Il est Svatantra ou indépendant. Il est Satkama et Satsankalpa. Il attribut les fruits des actions aux Jivas. Il est toute miséricorde. Il étanche la soif des Jivas sous la forme de glace et de fruits succulents. C’est par son pouvoir que vous voyez, entendez et parlez. Tout ce que vous entendez est Dieu. Dieu travaille à travers vos mains et mange à travers votre bouche. Vous L’avez complètement oublié par pure ignorance et Abhimana.
Nitya Sukha et Parama Santi ne peut être obtenu qu’en Dieu. Ceci est la raison pour laquelle des aspirants sensibles et intelligents tentent de réaliser Dieu. La réalisation de Dieu peut apporter une fin à la roue sans fin des naissances et des morts et octroyer le bonheur suprême et éternel à toute l’humanité. Ce monde est vraiment une très, très long rêve. Il est une jonglerie de Maya. Les cinq sens vous trompent à tout moment. Ouvrez les yeux, Ô Prem! Apprenez à discerner. Comprenez Ses mystères. Ressentez Sa présence tout comme Sa proximité partout. Croyez-moi, Il demeure dans les chambres de votre cœur. Il est le Témoin silencieux de votre mental. Il est le Sutradhara ou Celui qui tient le fil de votre Prana. Il est la matrice de ce monde et des Vedas. Il est à l’origine des Sankalpa. Recherchez-Le dans votre cœur et obtenez Sa grâce. Alors seulement vous aurez vécu correctement votre vie. Alors seulement vous êtes un homme. Alors seulement vous êtes vraiment sage. Vite, vite, il n’y pas un instant à perdre, pas une minute à reporter. C’est maintenant ou jamais. Utilisez chaque instant en Sadhana.
Yoga du service
Quel est le but de Seva ou service ? Pourquoi servez-vous les pauvres et les nécessiteux et l’humanité souffrante en général ? Pourquoi servez-vous la société et le pays ? Parce que en rendant service vous purifiez votre cœur. L’égoïsme, la haine, la jalousie, l’idée de supériorité et toutes les qualités négatives apparentées disparaîtront. L’humilité, l’amour pur, la sympathie, la tolérance, la miséricorde se développeront. Le sens de séparation sera anéanti. L’égoïsme sera éradiqué. Vous aurez une conception large et libérale de la vie. Vous commencerez à ressentir l’unité et l’uniformité. Finalement, vous obtiendrez la connaissance du Soi. Vous réaliserez « Un dans tout » et « tout dans Un ». Vous ressentirez une joie sans bornes. Après tout, qu’est-ce qu’une société? Ce n’est qu’un mélange d’éléments ou d’individus. Le monde n’est qu’une manifestation de Dieu. En fait, le service de l’humanité et du pays n’est, ni plus ni moins, le service de Dieu. Le service est adoration. Mais on devrait servir avec Bhava. Alors seulement on peut avoir une réalisation et une purification du cœur rapidement.
Le sens de séparation est une entrave colossale. Tuez ce sens de séparation par Brahma Bhavana, en développant une unité de conscience advaïtique, et par le service désintéressé. Ce sens de séparation est une illusion créée par l’ignorance ou Maya.
Développez un enthousiasme intense pour le service désintéressé. Soyez gentil avec tous. Aimez tout le monde. Servez tout le monde. Soyez tolérant et généreux envers tous. Servez le Seigneur dans tous. Ceci est le chemin pour atteindre le but.
Tout comme la mère qui a perdu neuf enfants aime si chèrement le seul fils survivant, vous aurez à développer l’amour infini pour tous les êtres. Ceci est la première et la plus grande qualification pour un aspirant. Le corps astral de quelqu’un qui possède cet amour infini resplendira d’un éclat et d’un brillant magnifique. Il aura une lueur d’une splendeur ineffable.
Celui qui ignore ses propres plaisirs et son propre confort, et essaie toujours d’aider les autres, est vraiment un étudiant avancé sur le chemin de la spiritualité. Il porte sur lui le passe partout pour ouvrir les royaumes de la béatitude spirituelle.
Dans l’urgence, il doit être capable de penser rapidement et d’agir promptement avec une précision infaillible et une profonde concentration. Vous devez faire attention à ne pas être vague et impétueux. Vous devez garder votre sang-froid et être calme.
Beaucoup d’aspirants d’aujourd’hui préfèrent faire un travail agréable, de l’écriture, une collection de fleurs pour Puja, ranger des livres dans la bibliothèque, de la dactylographie, une sorte de travail de supervision et de gestion, etc. Ils n’aiment pas les travaux tels que tirer de l’eau et couper du bois, nettoyer les ustensiles sales, laver les vêtements, balayer, cuisiner, nettoyer les lits et soigner les malades. Ils considèrent ces travaux comme des travaux subalternes. Ils n’ont pas essayé de comprendre l’esprit réel du Karma Yoga et du Vedanta. Ce sont encore des bébés. Ils ont besoin d’une discipline et d’une formation rigoureuses. Je demanderai à ces bébé-aspirants de porter les seaux des malades pendant un an, de laver les assiettes pendant un an, de balayer la chambre et de laver les vêtements des malades la troisième année. Alors seulement, ils deviendront de vrais aspirants. Alors seulement, ils seront prêts pour le début de la méditation.
Si un ashram n’est pas bien conduit, la cuisine devient un centre de disputes. Toute la Maya est dans la cuisine. Les aspirants commencent à se battre là-bas. Un aspirant dit : « Je n’ai pas eu de ghee ni de légumes aujourd’hui. » Un autre aspirant dit : « La soupe de dal était très aqueuse. Viswaranjan a ajouté de l’eau du Gange à la soupe. Il ne m’aime pas. » Mais s’il existe un Karma Yogi vraiment développé pour former les jeunes étudiants, le vrai Advaita Vedanta commence dans la cuisine d’un ashram et se termine dans le Vasishtha Guha de l’Himalaya. Une cuisine est le meilleur terrain d’entraînement ou la meilleure école pour développer la tolérance, l’endurance, l’indulgence, la miséricorde, la sympathie, l’amour, l’adaptabilité et l’esprit de vrai service pour purifier son cœur et pour réaliser l’unité de la vie. Chaque aspirant doit savoir comment bien cuisiner.
Si quelqu’un vit avec son Gourou, il doit être prêt à faire volontiers n’importe quel travail qui lui est assigné. Si vous créez de l’intérêt pour un travail contre lequel l’esprit se révolte, vous aimerez plus tard faire n’importe quel type de travail. Ce faisant, vous développerez sans aucun doute votre volonté.
L’équilibre du mental apporte un vrai bonheur durable à un homme discipliné. Ce n’est pas une marchandise que l’on peut acheter sur le marché. C’est vraiment un privilège rare qui ne peut être obtenu que par un service désintéressé prolongé avec Atma Bhava, une vision égale, des Indriyas contrôlés et une retenue personnelle, qu’en développant des vertus telles que l’adaptabilité, une tolérance large et généreuse, un haut degré d’endurance, la sérénité, le calme, le contrôle du caractère, ainsi qu’en éliminant les anxiétés, l’inquiétude, la peur et la dépression par une Sadhana spirituelle et la méditation. C’est la sérénité et l’équilibre du mental qui peuvent donner le bonheur réel et éternel à l’homme. La richesse des trois mondes n’est rien en comparaison de la béatitude dont jouit cette grande âme qui a la sérénité et un esprit équilibré. Maintenant, dites-moi honnêtement : Où est le bonheur ? Qui est un grand homme ? Est-ce un roi riche au mental déséquilibré et débridé vivant dans un palais, ou un pauvre saint au mental magnifique, calme et équilibré vivant dans une hutte d’herbe sur les bords du Gange ?
Si vous voulez vraiment servir un autre homme, vous devriez essayer de lui plaire à tous égards. Vous ne devriez rien faire qui ne plaise qu’à vous. Vous devriez faire tout ce qui peut lui apporter un immense bonheur. Cela constituerait un véritable service. Mais généralement sous le camouflage de servir les autres, les gens essaient de ne faire plaisir qu’à eux-mêmes. C’est une grave erreur. Celui qui donne le manche d’un couteau aiguisé à un autre pour le tenir, en tenant lui-même la lame tranchante, rend un vrai service. Un vrai Sevak se réjouit de la souffrance. Il prend sur ses épaules les travaux les plus responsables, les plus difficiles, les plus ardus et les plus inintéressants et tue son propre petit soi, pour le plaisir des autres. Il subit volontiers la douleur et la souffrance afin de servir et de plaire aux autres.
Arrêter la respiration à l’aide de Kumbhaka pendant deux heures, faire tourner les perles pendant vingt-quatre heures, les faire tourner dans une grotte souterraine pendant quarante jours, sans nourriture, en coupant la langue et en pratiquant le Khechari Mudra, rester debout sur une jambe dans la chaleur brûlante du soleil de l’été, faire Trataka au soleil à midi, chanter Om, Om, Om dans des jungles silencieuses et isolées, verser un océan de larmes en faisant Sankirtan, tout cela ne sert à rien si l’on ne combine pas l’amour brûlant et l’esprit de service pour tous les êtres humains. Les aspirants d’aujourd’hui manquent cruellement de ces deux qualifications indispensables. Et c’est la raison pour laquelle ils ne font aucun progrès dans leur méditation dans la solitude. Ils n’ont pas préparé le terrain, je veux dire l’Antahkarana, par une longue pratique de l’amour et du service au début. J’ai vu plusieurs Bhaktas de ce type dans toutes mes expériences de vie, des Bhaktas qui portent une demi-douzaine de chapelets autour du cou et du poignet, et marmonnent Hare Rama Hare Krishna jour après jour avec un long Japa Mala dans leurs mains. Ces Bhaktas ne s’approcheront jamais d’un homme malade, même mourant, pour lui donner une goutte d’eau ou de lait et lui demander : « Que veux-tu, mon frère ? Comment puis-je te servir ? » Par curiosité, ils le regarderont de loin. Pouvez-vous appeler ces gens de vrais Vaishnavites ou Bhaktas ? Peut-il y avoir un iota d’un réel bénéfice dans leur méditation ou Bhajan ? Un Jinda Narayana (Narayana vivant) sous la forme d’un patient malade est en train de mourir. Ils n’ont pas le cœur d’aller le servir ou même de prononcer quelques mots gentils et encourageants à un moment critique, alors que sa vie est entrain de vaciller ! Comment peuvent-ils espérer avoir Darshan de ce Hari tout miséricordieux alors qu’ils ont des cœurs faits de silex ? Comment peuvent-ils espérer la réalisation de Dieu quand ils n’ont pas les yeux pour voir Dieu dans tous les êtres ni l’esprit de service pour Le servir sous toutes ces formes ?
L’être humain qui a des connaissances et du dévouement peut à lui seul rendre un service vraiment efficace au pays et à la population. Jnana et Bhakti doivent être le socle du Karma Yoga. Au début, Jnana peut être combiné avec Karma Yoga, ou Bhakti Yoga peut être combiné avec Karma Yoga avec beaucoup d’avantages. Le Jnana-Karma-Yogi pense et sent qu’il sert son propre Atman et réalise la conscience advaitique. Le Bhakti-Karma-Yogi pense et sent qu’il sert son Seigneur en tout, son propre Ishtam et réalise la conscience de Dieu et a Darshan de son Bien-Aimé. Le simple travail philanthropique par sympathie, sans dévotion ni connaissance, n’est rien de plus qu’un acte social. Ce n’est pas du yoga ou de l’adoration. C’est sur un plan inférieur. Il ne peut pas beaucoup élever la personne. Le progrès est terne et lent, si on peut appeler cela progrès. Rappelez-vous, c’est l’attitude mentale ou Bhava qui fait un bien immense.
Un Karma Yogi qui fait tout le travail sous forme d’adoration de Dieu au début, qui abandonne son corps, son mental, son âme et toutes ses actions comme fleurs ou offrandes aux Pieds de Lotus du Seigneur, qui est toujours absorbé dans le Seigneur par la pensée constante de Dieu, se perd dans la conscience de Dieu par abandon total du soi. Il est absorbé en Dieu. Sa volonté ne fait qu’un avec la Volonté Cosmique. C’est son dernier stade avancé. Il se rend compte que tout ce qui se passe dans le monde n’est que la Lila du Seigneur ou générosité divine. Il réalise la vérité des paroles des sutras de Brahma : Lokavattu lila kaivalyam. Il sent qu’il est un avec le Seigneur et qu’il est un partenaire dans son Lila. Il ne vit que pour Lui. Il ne vit que dans Lui. Ses pensées et ses actions ne sont que de Dieu Lui-même. Le voile est tombé. Le sentiment de séparation a été totalement anéanti. Il jouit maintenant de la Divine Aishvarya.
Un médecin qui travaille à l’hôpital devrait penser que tous les patients sont des manifestations de Dieu. Il devrait penser que le corps est le temple mobile de Dieu et que l’hôpital est un grand temple ou Brindavan ou Ayodhya. Il devrait penser : « Je fais toutes mes actions pour plaire au Seigneur et non pour plaire à mes supérieurs. » Il devrait penser que Dieu est le dirigeant intérieur (Antaryamin), que Lui seul manipule tous ses organes, et qu’Il est le tireur de fil du corps. Il devrait penser qu’Il travaille pour exécuter la Volonté Divine dans le grand plan ou le plan des choses. Il devrait consacrer toutes ses actions à Ses Pieds, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Il devrait alors dire : Om Tat Sat Krishnarpanamastu ou Om Tat Sat Brahmarpanamastu à la fin et la nuit quand il se retire pour dormir. C’est Jnanagni ou le feu de la sagesse ou le feu de la dévotion qui détruit le fruit de l’action, apporte Chitta Suddhi, la connaissance du Moi et l’émancipation finale. Il ne devrait même pas rêver : « J’ai fait des actes si méritoires. J’obtiendrai un endroit exalté à Svarga, etc. Je naîtrai à la prochaine naissance comme un homme riche. » Par le biais d’une pratique constante de cette nature, il obtiendra peu à peu un non-attachement mental au travail. Une dame, quand elle fait ses tâches ménagères, devrait également entretenir l’attitude mentale ci-dessus. De cette manière, toutes les actions peuvent être spiritualisées. Toutes les actions deviendront adoration du Seigneur. Une personne peut réaliser la divinité dans n’importe quelle situation dans laquelle la vie le place, s’il travaille avec cette attitude mentale correcte.
Que le grand Seigneur, le joueur de flûte de Brindavan, l’amant de Radha, la joie de Devaki, nous accorde la juste croyance, Suddha Prem, la juste attitude mentale et la force spirituelle intérieure pour rendre un service désintéressé au monde, et réaliser la divinité même en restant dans le monde, en faisant Nishkamya Karma Yoga avec Narayana Bhava, en se souvenant de Lui en tout temps et en offrant toutes ses actions, corps, mental et âme à Ses pieds de Lotus ! Que les bénédictions de Shiva et de Hari soient sur nous tous !
Qu’est-ce que le Karma
Karma signifie travail ou action. Selon Rishi Jaimini, les rituels comme Agnihotra, Yajnas, etc. sont appelés Karmas, il y a un pouvoir caché dans Karma appelé ‘Adrishta’, qui amène les fruits des Karmas pour l’individu. Le karma est le tout dans le tout pour Jaimini. Le karma est tout pour un étudiant de l’école de pensée mimamsic. Jaimini est le fondateur de Poorva Mimamsa. Il a été l’élève de Maharishi Vyasa, le fondateur d’Uttara Mimamsa ou Vedanta. L’école Mimamsa nie l’existence d’Ishvara, qui récompense les fruits des actions. Selon la Gita, toute action est un karma. La charité, le sacrifice et les tapas sont tous des karmas. Dans un sens philosophique, même respirer, voir, entendre, goûter, ressentir, sentir, marcher, parler, etc. sont tous des karmas. Penser, c’est le vrai karma. Raga-dvesha (goûts et aversions) constituent le vrai karma.
Actions correctes et incorrectes
Pensez correctement. Utilisez votre raison et votre bon sens. Suivez les injonctions des Sastras. Consultez le Code du Manu ou Yajnavalkya Smriti chaque fois que vous avez des doutes. Vous saurez si vous avez fait ce qu’il faut ou non. Si vous dites : « Les Sastras, c’est comme l’océan. Je peux à peine comprendre les vérités qui y sont inculquées. Je ne peux pas sonder et mesurer leurs profondeurs. Il y a des contradictions. Je suis perplexe et déconcerté « , suivez strictement les paroles d’un gourou en qui vous pouvez placer une foi et une confiance absolues. La troisième façon est de craindre Dieu. Consultez votre conscience. La voix perçante et intérieure peut vous guider. Dès que vous entendez la voix, ne tardez pas même un instant. Commencez l’action avec diligence sans consulter personne. S’il y a de la peur, de la honte, du doute, de la piqûre de la conscience et du malaise mental, sachez que vous faites quelque chose de mal. S’il y a de la joie, de l’exaltation et de la satisfaction, comprenez que vous faites une bonne action.
Nishkamya Karma Yoga
Dans la pratique du Nishkamya Karma Yoga, il n’y a pas de perte d’effort. Il n’y a pas de mal. Il n’y a pas de transgression non plus. Même un peu de cette connaissance, même un peu de pratique peut vous protéger d’une grande peur de la naissance et de la mort avec ses maux concomitants. Vous récolterez sans aucun doute les fruits de ce chemin du Karma Yoga, à savoir, Jnana. Il n’y a pas d’incertitude ici. La matière est indestructible. L’énergie est indestructible. Même un peu de pratique avec la bonne attitude mentale purifiera Chitta. Les Samskaras des actions vertueuses sont imbriquées dans Chitta. Ils sont également indestructibles. Ce sont des atouts réels et précieux pour vous. Ils vous empêcheront de faire de mauvaises actions. Ils vous inciteront à faire des actions désintéressées. Ils vous pousseront jusqu’au but. Des travaux désintéressés prépareront le terrain de l’Antahkarana pour la réception de la semence de Jnana. Le chemin du Karma Yoga mène finalement à l’accomplissement de la béatitude infinie du Soi.
Travaillez sans égoïsme et avec un esprit désintéressé. Examinez toujours vos motivations. Votre mobile doit être pur. Les fruits des actions varient en fonction du motif. Écoutez cette histoire : A Hanuman Ghat, deux filles étaient en train de se noyer. Deux jeunes hommes ont immédiatement sauté dans le Ganga et les ont secourus. Un homme a demandé à la fille de l’épouser. L’autre homme a dit : « J’ai fait mon devoir. Dieu m’a donné l’opportunité de me servir et de m’améliorer. » Il avait Chitta Suddhi. L’action extérieure est la même (l’acte de sauver la vie) mais le motif est différent. Les fruits doivent aussi être différents. Ne vous souciez jamais du fruit de vos actions. Mais ne soyez pas victime de paresse ou d’inertie. Mettez toutes vos énergies au service de l’humanité, du pays, etc. Plongez-vous dans un service désintéressé.
Fixez votre esprit aux Pieds de Lotus du Seigneur. Donnez les mains au travail. Même lorsque vous travaillez, travaillez comme la dactylo ou l’organiste qui tape ou joue en vous parlant, comme la femme qui tricote et parle en même temps. Que votre mental soit toujours attaché aux Pieds de Lotus du Seigneur pendant que vos mains sont au travail. Le mental de la jeune fille qui a le pot d’eau sur la tête, est fixé sur le pot même quand elle parle et plaisante avec ses camarades en marchant sur la route. Vous serez capable de faire deux choses à la fois en pratiquant. Le travail manuel deviendra automatique, mécanique ou instinctif. Vous aurez deux esprits. Une partie de l’esprit sera à l’œuvre, tandis que le reste de l’esprit sera au service du Seigneur, en méditation ou Japa. Répétez aussi le Nom du Seigneur au travail. Les Ashtavadhanis font huit choses à la fois. Ils jouent aux cartes, déplacent l’homme dans le jeu de Chaturanga (échecs), dictent quelques passages à un troisième homme, parlent à un quatrième, et ainsi de suite. C’est une question d’entraînement du mental. De même, vous pouvez former le mental de manière à ce qu’il puisse travailler avec les mains et se souvenir de Dieu en même temps. C’est le Karma Yoga et le Bhakti Yoga combinés.
Le Seigneur Krishna dit:
Tasmat sarveshu kaleshu mamanusmara yudhya cha; Mayyarpitamanobuddhir mamevaishyaisyasamsayam
« C’est pourquoi, à tout moment, pense à Moi et combats avec un esprit et une raison fixés sur Moi, sans aucun doute, tu viendras à Moi. » Gita : Chapitre VIII-7.
Bien que la vache paisse dans le pâturage après avoir été séparée du veau, son mental est uniquement fixé sur le veau. De même vous devriez fixer le mental sur Dieu quand vous faites Japa, et donner vos mains au travail, ce qui est adoration du Seigneur. Renoncez à tout attachement. Soyez équilibré dans le succès ou l’échec, le gain ou la perte, la victoire ou la défaite, le plaisir ou la douleur. Entraînez-vous et disciplinez votre mental avec prudence. C’est votre passe-partout pour ouvrir les portes des royaumes de la félicité. C’est le secret du karma yoga. C’est le secret du succès dans le Yoga. Voici une autre illustration intéressante. Le mental de l’Ayah est toujours sur son propre enfant bien qu’elle caline et caresse l’enfant du zamindar. Le mental du Choranari est toujours sur son amant bien qu’elle soit occupée à faire ses tâches ménagères à la maison. De même, fixez le mental aux Pieds de Lotus du Seigneur et donnez les mains aux activités matérialistes. Si vous adoptez cette méthode, vous pourrez réaliser Dieu même en restant dans le monde. Vous n’avez pas besoin de vous retirer dans les grottes et les forêts de l’Himalaya. C’est la raison pour laquelle le Seigneur Krishna dit : « Le renoncement et le yoga de l’action mènent tous deux à la béatitude la plus élevée ; parmi les deux, le yoga de l’action est vraiment meilleur que le renoncement à l’action ». Gita : Chapitre V-2.
Si vous vous souciez des fruits de vos actions, vous serez pris dans la roue de la naissance et de la mort. Vous ne pourrez pas atteindre l’immortalité ou la béatitude finale.
Le mental est ainsi fait qu’il ne peut fonctionner sans attente de fruits ou sans anticipation de récompenses pour ses actions. Si vous souriez quand vous rencontrez votre ami, vous attendez un sourire en retour de sa part. Si vous donnez un verre d’eau à quelqu’un, vous attendez quelque chose en retour de sa part. Si vous saluez votre ami sur Mount Road, vous vous attendez à ce qu’il vous salue en retour. C’est la nature innée des gens qui ont l’esprit matérialiste. Vous devrez former le mental à travailler de façon désintéressée. Vous devrez l’apprivoiser avec précaution. Vous devrez le discipliner avec patience et persévérance. Les gens qui ont l’esprit matérialiste ne peuvent pas comprendre l’esprit du service de Nishkamya car leur mental est chargé ou saturé d’impuretés. Faites du service pendant un certain temps. Alors vous comprendrez l’esprit du Nishkamya Karma Yoga. Au début, toutes vos actions peuvent être égoïstes. Mais si vous travaillez dur dans le domaine du karma yoga pendant deux ans, cinq de vos actions seront désintéressées et quatre-vingt-quinze seront égoïstes. Examinez minutieusement vos motifs, purifiez-les et faites de votre mieux. Après quelques années de lutte incessante, cinquante actions deviendront désintéressées. Un bon moment viendra où toutes vos actions, à cent pour cent, seront purement désintéressées. Vous deviendrez un Karma Yogi parfait comme Raja Janaka. Le temps n’est pas très loin, si vous maintenez l’idéal devant vous quotidiennement et luttez durement pour atteindre cet idéal, et si vous êtes sincère et sérieux dans votre but.
Le mental est rempli de pureté (Sattva) si vous travaillez sans attente de fruits, si vous travaillez pour Dieu, si vous considérez le travail comme adoration ou Puja de Narayana, si vous consacrez toutes vos actions à Dieu comme Isvarpana. Sentez et pensez que vous respirez, vivez et travaillez uniquement pour Dieu chaque seconde de votre vie, et que, sans Lui, la vie est absolument inutile. Sentez les douleurs de la séparation au travail si vous l’oubliez même une fraction de seconde.
Karma Yoga : Un moyen de connaissance
La pratique de Nishkamya Karma Yoga détruit les péchés et les impuretés du mental et provoque Chitta Suddhi ou la pureté de l’Antahkarana. La connaissance du Soi s’éveille dans un mental pur. La connaissance de soi est le seul moyen direct de la liberté. Comme la cuisine n’est pas possible sans le feu, l’émancipation ne l’est pas non plus sans la connaissance du Soi. Le karma ne peut pas détruire l’ignorance parce qu’ils ne sont pas hostiles l’un envers l’autre. Mais la connaissance détruit certainement l’ignorance comme la lumière détruit les ténèbres les plus épais.
Vous trouverez dans le Mahabharata : « La connaissance jaillit chez les hommes par la destruction du karma négatif quand le moi est vu dans le Moi, comme dans un miroir clair. » Santi Parva : 204-8.
Dans les passages suivants, le karma yoga est indiqué comme un moyen d’atteindre l’Atma Jnana :
« Les Brahmanes cherchent à le connaître (Atman) par l’étude des Védas, par Yajna ou par le culte. » Brih. Upanishad : 4-5-22.
« Mais sans Yoga, ô puissants armés, le renoncement est difficile à obtenir. » Gita : Chapitre V-6.
« Ayant abandonné l’attachement, les Yogis agissent pour la purification du moi. » Gita : Chapitre V-11.
« Le sacrifice, le don et aussi l’austérité sont les purificateurs des sages. » Gita : Chapitre XVIII-5.
Qualification d’un Karma Yogi
Un Karma Yogi devrait être absolument libre de toute convoitise, avidité, colère et égoïsme. Même s’il y a des traces de ces Doshas, il devrait essayer de les enlever. Il ne doit s’attendre à aucun fruit pour ses actions ici et maintenant. Il ne devrait avoir aucun désir de renom et de gloire, d’approbation, d’appréciation, de soif d’applaudissements, d’admiration et de gratitude. Il doit avoir un caractère impeccable. Il devrait essayer de l’acquérir progressivement. Il doit être humble et exempt de haine, de jalousie, de dureté, etc. Il devrait toujours dire des mots doux. Comment un homme fier et jaloux, qui attend respect et honneur des autres, peut-il servir les autres ? Il devrait être absolument intrépide. Un homme timide est absolument inapte au karma yoga. Il est apte à aider sa femme à nettoyer les ustensiles de cuisine le matin et à laver ses vêtements le soir.
Un Karma Yogi devrait avoir une nature aimable, aimante et sociable. Il devrait être capable de vivre avec tout le monde sans distinction de caste, de croyance ou de couleur. Il devrait avoir une adaptabilité, une miséricorde et un amour cosmique parfaits. Il devrait être sympathique et tolérant. Il devrait être capable de s’adapter aux habitudes et aux manières des autres. Il devrait avoir un cœur embrassant et incluant tout le monde. Il devrait toujours avoir un esprit calme et équilibré. Il devrait aussi avoir la présence d’esprit. Il devrait avoir une vision égale. Il devrait se réjouir du bien-être des autres. Une personne qui est facilement irrité et qui peut facilement être offensé par des choses insignifiantes est absolument inapte à la voie du karma yoga. Il devrait avoir tous les organes sous contrôle parfait. Il devrait mener une vie très simple. S’il mène une vie de luxe, s’il veut tout pour lui, comment peut-il partager ses biens avec les autres ? Il devrait brûler son égoïsme à la racine même. Laissez-moi vous rappeler encore une fois les mots de la Gita :
Samniyamyendriyagramam sarvatra samabuddhayah Te prapnuvanti mameva sarvabhutahite rataah.
« Maîtrisant et soumettant les sens, regardant tout avec équanimité, se réjouissant du bien-être de tous, ils viennent aussi à Moi. » Gita : Chapitre XII-4.
Un Karma Yogi devrait avoir un corps physique sain et fort. Comment peut-il servir les autres s’il a un mauvais physique et un corps délabré ? Il devrait prendre grand soin du corps, mais il ne devrait pas avoir le moindre Moha ou attachement pour lui. Il ne devrait jamais dire : « Ce corps est à moi. » Même les chacals et les poissons disent : « Ce corps est à nous. » Il devrait toujours être prêt à sacrifier son corps pour une noble cause. Il devrait faire régulièrement du Pranayama, de l’exercice physique et des Asanas pour maintenir un haut niveau de santé. Il devrait prendre de la bonne nourriture, nourrissante et substantielle.
Il devrait supporter l’insulte, le manque de respect, le déshonneur, les mots durs, la censure, l’infamie, la disgrâce, la chaleur et le froid, et la douleur des maladies. Il devrait avoir le pouvoir de l’endurance. Il devrait avoir une foi absolue en lui-même, en Dieu, dans les Écritures et dans les paroles de son Gourou. Seul un tel homme peut devenir un bon Karma Yogi. Seul un tel homme peut rendre un service réel et utile au pays et à l’humanité souffrante. Il est toujours difficile de trouver un Adhikari idéal. Même si vous possédez quelques-unes des qualifications ci-dessus, les autres qualifications vous viendront d’elles-mêmes, lorsque vous travaillerez sérieusement dans le domaine du karma yoga. Ne soyez pas découragé. Plongez-vous dans le service de Dieu. Oublie le corps. Marchez hardiment sur le terrain avec Prem et Shraddha. Dites-vous sérieusement : « Je dois devenir un vrai Karma Yogi maintenant. » Toutes les vertus s’accrocheront à vous par elles-mêmes. Appliquez-vous avec diligence dès maintenant et dès aujourd’hui. Devenez un Karma Yogi idéal comme Janaka ou Bouddha. Que Dieu vous bénisse par la force intérieure, la foi, les vertus et l’esprit d’abnégation.
Commencez le travail même avec peu de capital d’amour, de miséricorde et de sympathie. Entrez dans l’arène immédiatement. Vous vous inspirerez des leaders de cette arène. Les aides astrales ou invisibles, Nitya Siddhas, Amara-Purushas et vos collègues vous pousseront. Après un certain temps, vous deviendrez un merveilleux Karma Yogi. L’intrépidité, l’humilité et toutes les autres vertus brilleront alors en vous par elles-mêmes.
Le travail est adoration
Le travail est adoration, le travail est méditation. Servez tout le monde avec un amour intense, sans penser être celui qui agît et sans attente de fruits ou de récompense. Vous réaliserez Dieu. Le service de l’humanité est le service de Dieu.
Le travail élève lorsqu’il est fait dans le bon esprit, sans attachement ni égoïsme. Si vous êtes un Bhakta (dévot), sentez que vous êtes un Nimitta ou un instrument entre les mains de Dieu. Si vous adoptez le chemin de Jnana, sentez que vous êtes un Sakshi silencieux (témoin) et que Prakriti fait tout. Tout travail est sacré. Il n’y a pas de travail subalterne du point de vue le plus élevé (du point de vue de l’Absolu, du point de vue du Karma Yoga). Même fouiller les poubelles, lorsqu’elle est faite avec la bonne attitude mentale telle que décrite ci-dessus, deviendra une activité yogique pour la réalisation de Dieu.
C’est l’égoïsme qui a malheureusement contracté votre cœur. L’égoïsme est le fléau de la vie humaine. L’égoïsme obscurcit la compréhension. L’égoïsme, c’est de la mesquinerie. Le Bhoga (plaisir sensuel) augmente l’égoïsme et les Pravritti égoïstes. C’est la cause profonde des souffrances humaines. Le vrai progrès spirituel commence par le service désintéressé.
Servez Sadhus, Sannyasins, Bhaktas, les pauvres et les malades avec Bhava, Prem et Bhakti. Le Seigneur est logé dans le cœur de tous.
Isvarah sarvabhutanam hriddese arjuna tishthati bhramayan sarvabhutani yantraroodhani mayaya.
« Le Seigneur habite dans le cœur de tous les êtres, ô Arjuna, et par sa puissance illusoire, fait tourner tous les êtres comme s’ils étaient montés sur un tour de potier. » Gita : Chapitre XVIII-61.
L’esprit de service doit être profondément ancré dans vos os, cellules, tissus et nerfs. La récompense est inestimable. Pratiquez et sentez l’expansion cosmique et l’infinie Ananda (béatitude). Les grands discours et les ragots oisifs ne suffiront pas, mes chers amis. Faites preuve d’un zèle et d’un enthousiasme intenses pour le travail. Soyez ardent dans l’esprit de service.
Ayez Nishtha avec Dieu et Chesta avec les mains comme le Bahurupi qui a Nishtha d’un mâle et Chesta d’une femelle. Vous serez capable de faire deux choses à la fois grâce à une pratique progressive. Répétez le Nom du Seigneur au travail. Le Karma Yoga est généralement combiné avec le Bhakti Yoga. Un Karma Yogi offre au Seigneur comme oblation (Isvara Pranidhana) tout ce qu’il fait par les Karma Indriyas (organes d’action).
Un Karma Yogi n’attend pas même un retour d’amour, d’appréciation, de gratitude ou d’admiration de la part des gens qu’il sert.
Au début, tous vos Karmas peuvent ne pas être du type Nishkamya pur. Certains peuvent être Sakamya (avec attente). Certains peuvent être des Nishkamya. Vous devez être très vigilant dans l’examen de vos motivations pendant l’action. Vous devez toujours être introspectif. Avec le temps, quand le cœur deviendra de plus en plus pur grâce à un travail constant, vos actions seront parfaitement désintéressées.
Dans le mental il y a trois Doshas, c’est-à-dire Mala (impuretés comme la luxure, la colère, l’avidité, etc.), Vikshepa (agitation du mental), et Avarana (voile d’ignorance). Mala est enlevée par le Nishkamya Karma Yoga ; Vikshepa par l’Upasana (adoration) ; et Avarana par l’étude de la littérature védantique et du Jnana. Le Karma Yoga donne Chitta Suddhi. Il purifie le cœur et prépare le mental pour y faire naître la connaissance (Jnana Udaya).
Seul celui qui a réduit ses désirs et contrôlé ses Indriyas peut faire du karma yoga. Comment un homme vivant dans le luxe, avec ses Indriyas rebelles, peut-il servir les autres ? Il veut tout pour lui et veut exploiter et dominer les autres. Une autre condition pour faire du Karma Yoga est qu’il doit avoir un mental équilibré. Il doit aussi être libéré de Raga-Dvesha (« Aimer et ne pas aimer »). « Une action ordonnée, accomplie par quelqu’un qui n’a pas de désir de résultat, faite sans attachement, sans amour ni haine, est appelée pure. » Gita : Chapitre XVIII-23.
Vous devez apprendre le secret du renoncement ou de l’abandon des fruits de l’action. Longue est la leçon, pénible est la pratique. Il faut combiner l’énergie au travail, avec l’indifférence au résultat du travail.
Tuer l’ambition, tuer le désir de vie, tuer le désir de confort. Travaillez comme ceux qui sont ambitieux. Respectez la vie comme ceux qui la désirent. Soyez heureux comme ceux qui vivent pour le bonheur.
La conciliation de ces opposés est le secret du renoncement. Tous ceux qui recherchent le pouvoir, la vie de confort, accomplissent des actions en vue d’obtenir et de jouir de leurs fruits, et ils orientent leurs activités dans ce but. Le fruit est le motif de l’effort et le désir pour lui suscite l’effort.
Les aspirants doivent travailler avec la même énergie que les enfants de ce monde, mais ils doivent substituer un nouveau motif ; ils travaillent pour que la loi divine s’accomplisse, pour que le dessein divin soit promu, pour que la Volonté de Dieu puisse se réaliser dans toutes les directions. Ceci est la nouvelle motivation, et c’est une des forces parmi toutes les forces; ils travaillent pour Dieu seul. En agissant ainsi, ils ne créent pas de lien avec le karma, car c’est le désir qui lie.
Le renoncement est difficile à réaliser et exige une pratique patiente et prolongée. Le débutant commencera par essayer de ne pas se faire de soucis quant aux résultats de ses actions ; il s’efforcera de faire de son mieux et ensuite se débarrassera de tout sentiment dû à sa réaction, en prenant tout ce qui lui arrive avec équanimité. Si l’action est couronnée de succès, il contrôlera le sentiment d’exaltation ; s’il elle échoue, il ne permettra pas à la dépression de le subjuguer. Il répétera ses efforts avec persistance, jusqu’à ce qu’il commence peu à peu à se soucier peu des échecs tout en ayant perdu aucun brin de son énergie et de sa minutie dans ses actions. Il ne cherchera pas d’activités extérieures, mais fera de son mieux pour chaque devoir qu’il trouve sur son chemin et commencera à montrer l’état mental équilibré qui marque la force et le détachement qui couronnent l’âme.
Il hâtera leur réalisation par une estimation froide de la valeur des soi-disant prix terrestre, et méditera sur leur nature transitoire, l’anxiété et l’agitation de ceux dont les cœurs sont fixés sur eux, et leur peu de valeur une fois obtenu la satiété qui suit cette possession. Leur appréciation intellectuelle viendra à son aide dans la déception et le retiendra dans le succès, et ainsi l’aiderons à lui donner plus d’équilibre. Voilà un domaine d’effort quotidien qui prendra ses énergies pendant des années.
L’aspirant doit se rappeler qu’une grande partie de son travail consiste à pratiquer les préceptes établis par tous les religieux sérieux.
Yoga de l’équanimité
Les gens matérialistes sont généralement exaltés par le succès et déprimés par l’échec. L’exaltation et la dépression sont les attributs du mental. Si vous voulez devenir un vrai Karma Yogi dans le bon sens du terme, vous devrez garder un mental équilibré à tout moment, dans toutes les conditions et en toutes circonstances. C’est sans doute très difficile. Mais vous devrez le faire de toute façon. Alors seulement vous aurez la paix du mental et tout le bonheur durable ; celui qui garde le mental équilibré est Jnani ; le Karma Yoga prépare le mental à l’accomplissement de Jnana. C’est la beauté du Karma Yoga. C’est le secret et l’essence du Karma Yoga.
Il ne doit pas y avoir le moindre attachement à quelque type de travail que ce soit. Vous devez être prêt à quitter n’importe quel travail en tout temps. Il peut y avoir un appel divin sur vous pour certains travaux. Vous devrez vous y mettre immédiatement, sans vous plaindre, quelle que soit la nature du travail, que vous le vouliez ou non. Vous devrez également y mettre fin, si les conditions et les circonstances l’exigent. C’est du yoga. Il n’y a pas d’attachement au travail ici.
Beaucoup de gens s’attachent au travail. Ils aiment un genre de travail et ils s’y intéressent. Ils n’aiment pas un autre genre de travail. Ils ne veulent pas non plus le quitter, si les conditions veulent qu’on y mette fin. Ils assument une responsabilité exagérée sur leurs épaules, se lamentent et travaillent dans les soucis et les angoisses. Ce n’est pas du tout du Yoga, parce qu’il y a un attachement au travail en raison de la qualité de Rajas. Les gens matérialistes travaillent toujours avec attachement. C’est pourquoi ils souffrent. S’il y a un appel divin, vous pouvez commencer un mouvement mondial. Vous devez être prêt à l’arrêter à tout moment si Dieu le veut, même si vous n’obtenez aucun succès. Ce n’est pas à vous de chercher le succès ou l’échec. Obéissez simplement à l’appel divin et agissez comme un soldat sur le champ de bataille. Il y a beaucoup de joie dans ce genre de travail parce qu’il n’y a pas d’élément personnel.
Gardez la raison enracinée dans le Soi. Ayez le mental tranquille au milieu des changements du monde. Travaillez pour l’accomplissement des desseins divins. N’attendez pas de fruits. Faites tout comme Isvararpana. Travaillez pour le bien-être du monde à l’unisson avec la Volonté Divine. Permettez à l’énergie divine de travailler sans entrave à travers vos instruments ; si la force de votre égoïsme s’installe, il y aura un blocage immédiat de la libre circulation de l’énergie divine. Faites de vos Indriyas des instruments parfaits pour Son Lila. Gardez la flûte-corps creuse en la vidant de votre égoïsme ; alors le joueur de Flûte de Brindavan jouera librement à travers cette flûte-corps. Il travaillera à travers vos instruments. Alors vous ressentirez la légèreté du travail. Vous sentirez que Dieu agit à travers vous. Vous serez lavé de toutes vos responsabilités. Vous serez libre comme l’air. Vous sentirez que vous êtes un être tout à fait différent. Votre égoïsme va essayer de revenir. Soyez prudent. Soyez sur vos gardes. Par la pratique graduelle et la purification du mental, vous deviendrez un expert en karma yoga. Toutes vos actions seront parfaites et désintéressées. Toutes les actions aboutiront à Jnana. C’est le Yoga de l’équanimité.
Ce genre de yoga est inculqué par le Seigneur Krishna dans ses enseignements :
Yogasthah Kuru Karmani Sangam Tyaktva Dhananjaya Sidhyasidhyoh Samo Bhutva, Samatvam Yoga Uchyate.
« Exécute l’action, ô Dhananjaya, demeurant en union avec le Divin, renonçant aux attachements, et équilibré dans le succès et l’échec ; l’équilibre est Yoga. « Gita : Chapitre II-48.
Vous devrez même renoncer à l’attachement subtil de « puisse Dieu être content ». Travaillez simplement pour Dieu. Alors, le fait de manger, de marcher, de parler, de dormir, de respirer et de répondre aux appels de la nature deviendra une activité yogique. Le travail devient adoration. C’est le grand secret. Vous devrez l’apprendre par une pratique progressive dans le domaine du karma yoga. Vous devrez spiritualiser toutes vos actions. Vous devrez transmuter toutes vos actions en Yoga par la pratique. Comprenez les secrets du Karma Yoga. Travaillez seul. Devenez un vrai Karma Yogi et jouissez de la béatitude infinie de l’Atman.
Mérite et démérite, Punya et Papa, n’affectent pas ce Karma Yogi qui a la régularité ou l’équanimité du mental, car il n’exulte pas pour le bon fruit de l’un ni ne s’inquiète pour le mauvais fruit de l’autre. Il a l’équanimité mentale dans le succès et l’échec. Son mental se repose toujours en Dieu. Les travaux qui sont de nature contraignante perdent ce caractère lorsqu’elles sont exécutées avec un mental équilibré. Le Karma Yogi n’a aucun attachement aux objets sensuels. Il a purifié son mental par un service désintéressé constant. Il a abandonné toute idée d’être celui qui agît. Il traite le corps comme un instrument de Dieu, qui lui est donné pour l’accomplissement de Son dessein. Il attribue toutes les activités à l’Acteur Divin qui est en lui. Celui qui est établi dans le yoga de l’équanimité devient un expert dans la science du karma yoga. C’est la raison pour laquelle le Seigneur Krishna dit :
Buddhiyukto jaha teeha ubhe sukritadushkrite, Tasmat yogaya yujyasva yogah karmasu kausalam
« Unis à la raison pure, abandonne ici les bonnes et les mauvaises actions; attache-toi donc au Yoga ; le Yoga est l’habileté en action. » Gita : Chapitre II-50.
Le Karma Yogi qui possède l’égalité du mental rejette les fruits de ses actions. Il échappe aux bonnes et aux mauvaises naissances. S’accrocher uniquement aux fruits est la cause de la renaissance. Quand toutes les actions sont accomplies pour l’amour de Dieu dans l’accomplissement de Son dessein sans désir de fruit, le Karma Yogi reçoit l’illumination. Il se débarrasse de l’esclavage de la naissance. Il acquiert la connaissance de Brahman et par Brahma Jnana, la libération ou Moksha. Dans la Gita vous trouverez :
Karmajam buddhiyukta hi phalam tyaktva manishinah, Janmabandhavinirmuktah padam gachchantyanamayam
« Les sages, unis à la raison pure, renoncent au fruit de l’action, et, libérés des liens de la naissance, ils vont au siège béni. » Gita : Chapitre II-51.
Raison équilibrée
Les actions qui sont de nature contraignante perdent cette nature lorsque vous les faites avec équanimité ou uniformité mentale à l’aide de la raison pure, qui a perdu tout attachement aux objets sensuels et qui se repose dans le Moi. Vous devrez cultiver et développer cette raison pure et cette équanimité d’esprit. Dieu a donné cette merveilleuse machine à l’homme pour le service de l’humanité et ainsi atteindre une vie immortelle. S’il utilise ce corps pour satisfaire des désirs mesquins et des fins égoïstes, il devient un objet de pitié et de condamnation. Il est pris dans la roue de la naissance et de la mort. Reposez le mental dans le Soi ou l’Isvara lorsque vous effectuez une action. Celui qui a développé la raison pure et équilibrée et qui se repose dans le Soi, est tout à fait conscient que toutes les actions sont faites par l’Acteur Divin en lui (Antaryamin). Il est parfaitement conscient que Dieu opère réellement dans ce corps-machine et qu’il déplace cette machine. Ce yogi à l’équanimité ou au mental égal comprend maintenant pleinement les principes fondamentaux qui régissent toutes les actions corporelles. Il accomplit toutes les actions pour l’amour de Dieu, dans l’accomplissement de Son dessein, sans désir de fruit et parvient finalement à la paix éternelle.
Travaillez sans aucun motif
L’être humain prévoit généralement d’obtenir les fruits de ses travaux avant de commencer tout type de travail. Le mental est ainsi fait qu’il ne peut penser à aucune forme de travail sans rémunération ou récompense. Cela est dû à Rajas. La nature humaine est toujours comme ça. Quand la discrimination s’éveille, quand le mental est rempli d’un peu plus de Sattva ou de pureté, cette nature change lentement. L’esprit d’altruisme s’installe lentement. La qualité de Rajas crée l’égoïsme et l’attachement. Un homme égoïste n’a pas un grand cœur. Il n’a pas d’idéal. Il est mesquin. Son esprit est plein d’avidité. Il calcule toujours. Il ne peut rendre aucun service d’une manière magnanime. Il dira : « J’aurai tellement d’argent. « Je ne dois faire qu’un seul travail. » Il va peser le travail et l’argent dans une balance. Il ne peut pas faire un peu plus de travail. Il sera toujours à l’affût de l’heure de son travail, de son anniversaire, de son argent, de l’espoir d’être récompensé. Il est avide de gain. Le service désintéressé lui est inconnu. Il n’a aucune idée de Dieu. Il n’a aucun aperçu de la Vérité. Il ne peut pas imaginer une vie élargie et désintéressée. Il est entré dans un cercle étroit et circonscrit. Il demeure dans ce petit sillon. Son amour s’étend à son propre corps, à sa femme et à ses enfants. C’est tout, c’est tout. La générosité lui est inconnue.
Si vous attendez des fruits pour vos actions, vous devrez revenir dans ce monde pour jouir de ces fruits. Vous devrez renaître. Un Nishkamya Karma Yogi dit : « Faites toutes les actions sans attendre de fruits. Ceci produira Chitta Suddhi. Alors vous obtiendrez la connaissance du Soi. Vous aurez Moksha ou le bonheur éternel, la paix et l’immortalité. » C’est sa doctrine. C’est la raison pour laquelle le Seigneur Krishna dit à Arjuna :
Karmanyevaadhikaraste ma phaleshu kadachana Ma karmaphalaheturbhurma te sangostvakarmani.
« Tes affaires ne concernent que l’action, jamais ses fruits ; que les fruits de l’action ne soient donc pas ton mobile, et que tu ne sois pas attaché à l’inaction. » Gita : Chapitre II-47.
Dieu distribue les fruits des actions selon le motif. Si le motif est pur, vous obtiendrez la grâce divine et la pureté. Si le motif est impur, vous obtiendrez la renaissance dans ce Mrityuloka pour récolter les fruits de vos actions. Encore une fois, vous ferez des actions vertueuses ou malveillantes par la force de Raga-Dvesha. Vous serez pris au piège dans la roue interminable de la naissance et de la mort.
Mais vous ne devriez pas non plus rester dans un état d’inertie (Akarmani) en pensant que vous n’obtiendrez pas les fruits si vous travaillez de manière désintéressée. Vous ne devriez pas dire : « A quoi sert mon travail maintenant ? Je ne peux pas avoir de fruits. Je vais rester tranquille. » C’est aussi mauvais. Vous deviendrez Tamasic et ennuyeux. Il y aura de l’inactivité mentale. Vous obtiendrez la pureté d’esprit si vous travaillez dans l’esprit du Nishkamya Karma Yoga. C’est une très grande récompense pour vos actions. Vous ne pouvez pas imaginer la condition élevée d’un homme pur d’esprit. Il a une paix, une force et une joie sans bornes. Il est très proche de Dieu. Il est cher à Dieu. Il recevra bientôt la lumière divine. Travaillez sans aucun motif et ressentez ses effets, sa pureté et sa force intérieure. Quel cœur élargi vous aurez! Indescriptible! Pratiquez, sentez et appréciez cet état.
Pas de perte dans le Karma Yoga
Vous ne perdez rien dans le karma yoga. Même si vous rendez un petit service au pays, à la société, aux pauvres ou aux malades, cela apporte ses propres avantages et bénéfices. Le karma Yoga purifie votre cœur et prépare l’Antahkarana à la réception de la connaissance de l’Atman. Les Samskaras ou impressions de ces bonnes actions sont profondément ancrées dans votre subconscient. La force de ces Samskaras vous poussera encore une fois à faire de bonnes actions. La sympathie, l’amour, l’esprit de patriotisme et de service seront développés. Rien ne se perd quand la bougie brûle.
En agriculture, vous pouvez fumer et labourer la terre. Vos efforts seront vains si vous n’avez pas de pluie dans l’année. Ce n’est pas le cas dans le Nishkamya Karma Yoga. Il n’y a ici aucune incertitude quant au résultat d’un quelconque effort. De plus, il n’y a pas la moindre chance d’être blessé en pratiquant ce Karma Yoga. Si le médecin est malhonnête, s’il administre les médicaments en surdosage, il en résultera certainement des dommages. Ce n’est pas le cas dans la pratique du karma yoga. Même si vous faites un peu de service, même si vous pratiquez un peu de Nishkamya Karma Yoga sous quelque forme que ce soit, cela vous sauvera d’une grande peur, de la peur du Samsara et de la naissance et de la mort avec les maux qui en découlent. C’est la raison pour laquelle le Seigneur Krishna dit à Arjuna :
Nehaabhikramanaasosti pratyavaayo na vidvate Svalpamapyasya dharmasya trayate mahato bhayat.
« Il n’y a pas de perte d’effort ici, il n’y a pas de mal. « Même une petite partie de ce service nous délivre de la peur » Gita : Chapitre II-40.
Le chemin du Karma Yoga, qui conduit finalement à l’accomplissement de la béatitude infinie du Soi, ne peut être futile.
Les gens ignorants disent qu’on ne peut travailler sans motif. C’est vraiment dommage qu’ils n’aient pas compris l’essence et la vérité du Karma Yoga. Leur mental est saturé de toutes sortes de désirs fantastiques et d’égoïsme, et par conséquent, est très impur et obscurci. Ils ne peuvent pas saisir la vérité sous-jacente du karma yoga. Ils jugent les autres de leur propre point de vue. L’altruisme leur est inconnu. Leur mental et leur cerveau sont rendus insensibles et ne peuvent donc pas vibrer correctement pour comprendre ce qu’est une action sans motif. Les chefs de famille passionnés ne peuvent pas penser à faire un travail sans s’attendre à un gain pour eux-mêmes et pour leur famille.
Quand la pensée de faire le bien devient partie intégrante de l’être même d’un homme, il n’aura aucun motif. Il prend un immense plaisir à servir les autres, à faire du bien aux autres. Il y a une joie particulière et Ananda dans la pratique du Karma Yoga vigoureux. Le Karma Yogi acquiert la force et la puissance spirituelles intérieures en accomplissant des actions sans motif et désintéressées.
Il devrait comprendre le secret du karma yoga. Il devrait se plonger dans un travail désintéressé. Il doit travailler sans cesse. Il doit soigner les gens avec Atma Bhava. Il doit servir la société de diverses façons. Progressivement, il comprendra la gloire et la splendeur du travail désintéressé. Il deviendra un être transformé avec une effulgence divine et un doux parfum yogique. Bon nombre de ses actions peuvent être égoïste au début de sa carrière yogique ; ce n’est pas grave. Mais, lentement, quand il grandira dans la pureté, certaines de ses actions se révéleront être désintéressées. À long terme, toutes ses actions seront désintéressées. Il devrait travailler patiemment avec une énergie infatigable. Il doit détruire son ancien esprit d’égoïsme et construire un nouvel esprit d’altruisme. C’est sans aucun doute un travail difficile. Cela exige de la lutte et un effort constant avec une grande patience et une détermination sans faille. Le travail désintéressé élève et apporte la liberté. Le travail égoïste retarde le progrès spirituel et attache une chaîne de plus à vos pieds. Si vous avez de la difficulté à travailler sans motif, ayez un motif fort pour la liberté lorsque vous travaillez. Ceci ne vous liera pas. Cela détruira tous les autres motifs égoïstes inférieurs et finira par mourir de lui-même, tout comme le bâton utilisé pour brûler un cadavre brûle le cadavre et est lui-même consommé à la fin. La joie d’un Karma Yogi développé est vraiment illimitée. Les mots ne peuvent pas décrire adéquatement son état élevé et son bonheur intérieur.
Regardez le travail prodigieux et magnanime accompli par le Seigneur Bouddha, Sri Sankara et d’autres Karma yogis d’autrefois. Leurs noms se sont transmis de descendance en descendance. On s’en souvient encore aujourd’hui. Le monde entier les vénère avec respect. Pouvez-vous attribuer un iota ou un grain de motivation égoïste à leurs actions ? Ils vivaient pour rendre service aux autres. Ils étaient des exemples d’abnégation absolue.
Grandissez. Purifiez votre cœur. Vivez dans le véritable esprit du Karma Yoga. Vivez chaque seconde pour la réalisation de l’idéal et du but de la vie. Alors et alors seulement, vous réaliserez la vraie gloire du Karma Yoga. Gardez devant vous les exemples des grands Karma Yogis qui ont servi l’humanité et ainsi rayonné la paix, la béatitude et la sagesse pour tous.
Santé et Yoga
Qu’est-ce que la santé ? C’est un état d’équilibre des trois humeurs du corps, à savoir Vata, Pitta et Kapha (vent, bile et flegme), où le mental et tous les organes du corps travaillent en harmonie, où l’homme jouit de paix et de bonheur, et remplit ses devoirs de la vie avec confort et facilité. C’est cette condition dans laquelle l’homme a une bonne digestion et un bon appétit, une respiration et un pouls normaux, une bonne quantité et qualité de sang, des nerfs forts et un mental calme, un mental sain dans un corps sain, un mouvement libre des intestins, un état normal d’urine, des joues roses, un visage brillant et des yeux pétillants. C’est cet état dans lequel un homme saute, chante, sourit, rit, siffle et bouge par-ci, par-là, avec joie et extase. C’est cette condition dans laquelle il peut penser correctement, parler correctement et agir avec empressement, agilité et vigilance.
Cet état désirable est convoité par tout le monde. Quel est l’usage terrestre de la richesse et de la possession, si un homme ne peut pas bien manger à cause d’une maladie de l’estomac, s’il ne peut pas marcher à cause d’un rhumatisme ou d’une paralysie, s’il ne peut pas voir le beau paysage, de la nature à cause de la cataracte ou de toute vision défectueuse, s’il ne peut copuler à cause de son impuissance. Un grand penseur dit : « Donnez-moi la santé et je ridiculiserai le faste des empereurs. » La vie sans bonne santé est une condition misérable, même si l’on est le Seigneur de la terre entière.
L’homme jouit d’une bonne santé grâce aux bons karmas faits dans sa naissance précédente. Celui qui a rendu des services méritoires dans sa précédente incarnation, celui qui a partagé ce qu’il avait avec d’autres, celui qui a aidé les pauvres et les nécessiteux, celui qui a fait l’adoration, la méditation, les Kriyas yogiques et le Pranayama dans sa naissance précédente, jouit d’une bonne santé dans cette naissance. La loi de causalité est inexorable et implacable.
Quelle est la plus grande chose qu’un homme puisse accomplir dans ce monde ? C’est la réalisation de soi. Quels sont les avantages ou les bénéfices de cette réalisation ? Pourquoi devrions-nous tenter de nous réaliser nous-mêmes ? La réalisation d’Atma Jnana ou la réalisation de l’identité du Jiva (âme individuelle) et du Brahman (âme suprême) peut seule mettre fin à la roue de la naissance et de la mort avec ses maux concomitants de maladie, vieillesse, douleur, souffrance, soucis et autres sortes de troubles. C’est Atma Jnana seule qui peut vous aider à atteindre le bonheur éternel, la paix suprême, la plus haute connaissance et l’immortalité.
La question suivante est de savoir pourquoi devrions-nous avoir une bonne santé, et comment devrions-nous avoir une bonne santé afin d’atteindre les quatre sortes de Purushartha, Dharma, Artha, Kama et Moksha (la droiture, la richesse, les désirs et la libération). Si vous faites des actions vertueuses, vous obtiendrez la richesse et vous pourrez satisfaire vos désirs matérialistes. Ensuite, vous pouvez tenter la réalisation du Soi. Sans une bonne santé, on ne peut rien faire.
Sans une bonne santé, vous ne pouvez rendre aucun service de Nishkamya Karma Yoga. Sans une bonne santé, vous ne pouvez pas faire d’Asanas et de Pranayama. C’est la raison pour laquelle les Écritures déclarent que ce corps est un bateau pour traverser l’océan du Samsara, un instrument pour faire des actes vertueux et atteindre Moksha. C’est la raison pour laquelle, dans Charaka Samhita vous trouverez : Dharmartha Kamamokshanam Arogyam moolam uttamam uttamam – la santé est la meilleure chose au monde.
Un aspirant devrait être libéré d’Adhi et de Vyadhi (maladies du mental et du corps), s’il veut faire du karma yoga et atteindre la connaissance du Soi. Selon la science du Yoga, toutes les maladies physiques prennent leur origine dans les maladies du mental, d’un état d’esprit malsain. Les psychologues occidentaux corroborent également ce fait. Ils disent que les maladies du corps sont attribuables à la haine, la colère, l’inquiétude, la dépression, etc., qui corrodent le mental et réagissent sur le corps et provoquent diverses maladies physiques en détruisant les cellules du corps.
Un étudiant de Karma Yoga devrait avoir une connaissance élémentaire du Raja Yoga, de la psychologie, de l’Ayurveda, de la physiologie, de la médecine familiale, de l’hygiène, du Sankhya et du Vedanta. Alors, il sera en mesure de faire plus de travail réel plus facilement. Il peut avoir une connaissance des lois du mental, ainsi que de la nature, des habitudes et des manières du mental. Il sera toujours en mesure de garder un mental calme et sain. Personne ne peut travailler sans heurts avec un mental agité. Un mental agité perturbe les trois humeurs du corps et apporte à son tour des maladies. C’est la théorie de l’Ayurveda qui correspond tout à fait à la théorie du Raja Yoga et à la théorie des psychologues occidentaux. Il peut avoir une compréhension des lois de l’univers et du fonctionnement du monde en ayant une connaissance de la philosophie Sankhya de Kapila Muni. Une connaissance élémentaire de l’astrologie est d’une immense valeur. Les différents Ritus ou saisons sont provoqués par le mouvement de la terre autour du soleil. Les conditions atmosphériques affectent le corps de l’homme. Les planètes ont une influence sur le mental et le corps d’un homme. Elles exercent sur lui une influence bienveillante ou malveillante en fonction de leur position dans les différentes maisons. Celui qui a une certaine connaissance de l’astrologie peut conjurer les effets néfastes des planètes défavorables.
À chaque seconde, divers types de vibrations provenant des divers types d’objets de l’univers physique extérieur entrent dans le mental d’un homme et produisent diverses influences. Le corps fait partie de l’univers. Tout comme le mental. Ce qu’on appelle le monde n’est que le mental. Le mental d’un homme est affecté par les pensées et les opinions des autres. Il y a une pression de la pensée de l’extérieur. Toutes les personnes entretiennent des pensées personnelles et le Karma Yogi devrait avoir une immense force pour agir contre ces pensées extérieures. Il devrait avoir du courage. Il doit faire preuve de patience et de persévérance. Même s’il échoue vingt fois, il devrait s’en tenir à son travail avec détermination et ténacité, une volonté inflexible et une patience sans fin. Ce n’est qu’alors qu’il aura finalement un succès parfait. Il sortira du terrain avec des lauriers spirituels, la victoire Atmic et Atmic Svarajya.
L’étude de la philosophie Sankhya vous permettra d’acquérir des connaissances sur la création de l’univers, la formation du mental, la formation des organes d’action et des sensations, les Tanmatras ou éléments racines rudimentaires, le Mahat-tattva, Purusha et Prakriti, les trois Gunas, leur fonctionnement et leur influence sur l’homme, comment ils affectent sa santé et son mental, et la manière de connaître le Purusha. Sankhya et le Yoga de Patanjali sont complémentaires. Le Vedanta n’est qu’une amplification et un accomplissement de Sankhya.
Une bonne santé physique peut être atteinte et maintenue en observant rigoureusement les lois de la santé et les règles d’hygiène, en prenant des aliments sains, légers, substantiels, faciles à digérer, nutritifs ou régime Sattvique, et en inhalant de l’air pur, en faisant de l’exercice régulièrement, en prenant un bain froid quotidien, en observant la modération en mangeant, en buvant, en s’adonnant à des relations sexuelles, etc. Une bonne santé mentale peut être atteinte et maintenue par le Japa, la méditation, le Brahmacharya, la pratique du Yama et du Niyama, la bonne conduite, la pensée juste, la parole juste et l’action juste, Atma Vichara, le changement de la pensée, la relaxation du mental en le concentrant sur des pensées agréables, la récréation mentale et la pratique de la joie.
Puissions-nous tous travailler de manière désintéressée, en parfaite harmonie et dans une saine coopération, pour le bien-être du monde et pour notre propre élévation ! Que nos membres et nos organes deviennent forts et sains ! Puissions-nous vivre jusqu’à la durée normale de nos jours terrestres – cent ans – à servir sans compter, à étudier les Védas et à développer toutes les vertus Sattviques ! Puissions-nous briller de la connaissance de Brahman, rayonnant la joie, la paix, la béatitude et la connaissance aux quatre coins du monde !
Secret du Karma Yoga
L’attachement est le premier enfant de Maya. Tout le Lila du Seigneur est maintenu par la force de l’attachement. Un homme sobre, ne goûtant qu’un peu de champagne quand il est en mauvaise compagnie, devient un ivrogne invétéré par l’attachement à l’alcool. Un adolescent ne prend qu’une bouffée de cigarette et devient un fumeur invétéré en un temps record par l’attachement. Il y a dans le mental une substance gluante qui est comme un mélange d’huile de ricin, de colle, de mucilage, de gomme arabique, de pâte de gluten, de miel, de glycérine, de jus de carambole et de toutes les autres substances pâteuses de ce monde. Le mental est en quelque sorte collé aux objets avec ce mélange. L’attachement est donc très fort.
L’homme a toujours soif de possession d’objets, de femme et de bétail. Cette possession d’objets apporte à coup sûr l’égoïsme. L’égoïsme engendre l’attachement. Partout où il y a attachement, il y a Ahamta et Mamata – » Je et le mien ». Tout le chakra de maya a commencé à tourner. Maintenant cet homme est devenu un esclave. De solides chaînes de fer sont attachées à ses mains, ses genoux et ses jambes. Il s’est empêtré comme une araignée ou le ver à soie. C’est le problème qu’il s’est créé lui-même par l’attachement.
Ne dites jamais : « Ma femme, mon fils, ma maison. » L’attachement est la cause profonde de toutes les misères et de tous les problèmes de ce monde. Disciplinez le mental avec soin. Les vieilles habitudes vont revenir. Détruisez-les jusqu’à la racine. Menez une vie de non-attachement. C’est le passe-partout pour ouvrir les royaumes de la félicité brahmanique. Travaillez sans cesse sans attachement, sans identification. Alors seulement, vous pourrez connaître le vrai bonheur. Vous sentirez que vous êtes un être différent. Le karma yoga élève l’homme à des hauteurs sublimes et magnanimes. Il faut travailler patiemment. Aucune méditation ou Samadhi n’est possible sans une formation préalable en karma yoga. Travailler sans attachement est sans doute une tâche difficile. C’est un travail difficile. Mais cela devient facile et agréable pour un homme de patience et de détermination. Vous devrez le faire à tout prix, si vous voulez la béatitude finale et l’immortalité. Tout le monde le fera, mais pas maintenant, mais après avoir pris cinq cents naissances. Mais la question est, pourquoi pas maintenant ? Coupez court au cycle et profitez de la béatitude suprême en ce moment même, dans cette seconde même, dans cette naissance. C’est cela la sagesse.
Attendez-vous quelque chose de votre petit enfant, si vous faites quelque chose pour lui ? De la même manière, vous devrez travailler pour les autres aussi sans rien attendre. Vous devrez élargir votre cœur et penser que le monde entier est votre propre Soi. Au début il y aura un peu de souffrance parce que jusqu’à présent vous n’avez jamais travaillé dans ce genre de service non égoïste ou désintéressé. Quand vous avez goûté un peu de la Béatitude du Karma Yoga, vous ne pouvez jamais le quitter. La force du Karma Yoga vous incitera à travailler de plus en plus avec beaucoup de zèle et d’enthousiasme. Vous commencerez à sentir que ce monde est une manifestation de Dieu. Vous gagnerez une immense force intérieure et la pureté du cœur. Votre cœur sera rempli de miséricorde, de sympathie et d’amour pur. Votre esprit d’abnégation grandira à l’infini. L’égoïsme de toutes sortes sera anéanti. Ceux qui travaillent dans le secteur public pour le bien-être du pays et pour l’humanité souffrante peuvent réaliser la vérité de cette déclaration.
Le non-attachement est le détachement ou l’indifférence aux plaisirs sensuels. Le non-attachement est Ihamutrarthaphala-bhogaviraga-indifférence aux plaisirs sensuels de toutes sortes, ici et maintenant, ce qui est l’un des éléments de la Sadhana Chatushtaya, ou les quatre moyens de salut de l’aspirant sur le chemin du Jnana Yoga ou Vedanta. C’est un état purement mental. Le lien de l’attachement est purement dans le mental. Ahamta et Mamata sont les deux crocs venimeux du serpent mental. Extrayez ces deux dents et le mental-serpent est apprivoisé. Il ne peut y avoir d’esclavage. C’est le mental qui crée les idées de » Je et le mien « . C’est lui qui relie le Jiva et l’homme pense : « Je suis le corps. » C’est le mental qui cause l’attachement à la femme, au fils et à ses biens. Si le lien entre eux est détruit, vous pouvez rester où vous voulez. Vous pouvez errer paisiblement dans n’importe quelle partie du monde sans attaches, comme l’eau sur la feuille de lotus. Rien ne peut vous lier. Tout le mal est fait par le mental. Un homme peut régner sur un vaste domaine et pourtant il peut être libre de tout attachement. La reine Chudalai et le Raja Janaka n’avaient pas le moindre attachement pour leur richesse et leur patrimoine. Janaka a dit : « Même si tout Mithila est brûlé, rien de ce qui m’appartient ne sera perdu. » Regardez l’état mental exalté de Janaka ! Il se reposait dans son propre Svaroopa ou nature essentielle. Il n’avait pas le moindre attachement. L’état mental de Chudalai était également le même que celui de Janaka. Bien que Sikhidhvaja, le mari de Chudalai, vivait dans la forêt avec un Kowpeen et un Kamandalu, son mental était plein d’attachement. Il était attaché à son corps et à son Kamandalu. Un homme peut être intensément attaché à un petit morceau de Kowpeen, à un bâton, à un petit gobelet ou à son corps, bien qu’il ait quitté sa famille et ses biens. Au moment de la mort, seules les images mentales d’un gobelet ou d’un bâton lui viendront à l’esprit. Jada Bharata était attaché au cerf, et la pensée du cerf lui est venue à l’esprit au moment de sa mort et il a dû prendre la naissance d’un cerf. Tel est le pouvoir de l’attachement.
Les gens matérialistes jugent généralement l’état de sérénité d’un Sadhu par rapport aux conditions extérieures. Si un Sadhu a un Kowpeen et une longue barbe et des cheveux emmêlés, il est considéré comme un Virakta Mahatma de première classe. Cet homme peut se battre avec un autre Sadhu pour sa part quand un pèlerin leur distribue une pièce de huit anna. Son mental peut-être plein de passion et d’attachement. Les chefs de famille sont trompés. Quelques hypocrites montrent un aspect extérieur de Vairagya juste pour collecter de l’argent secrètement. Les cheveux mats sont ingénieusement collés sur la tête. Il y a des experts à Bénarès qui font ça pour deux roupies. Les chefs de famille devraient être très prudents et ne devraient pas être trompés par la nudité physique extérieure de certains Sadhus. Ce qu’on veut, c’est de la nudité mentale. Le mental doit être complètement rasé. Ce n’est qu’alors qu’il peut y avoir un réel non-attachement.
L’état mental de non-attachement aux fruits du travail peut être atteint de deux façons. L’étudiant du Vedanta ou Jnana Yoga développe le Sakshi Bhava par la discrimination et l’auto-analyse. Il dit : « Je suis le témoin silencieux des modifications mentales et des travaux effectués par les différents organes du corps. Je suis distinct du corps, des organes, du mental et du Prana. La Prakriti fait tout. Les Gunas opèrent. Le Svabhava fonctionne. Les Indriyas font leurs Dharmas respectifs. Tout est dharma du mental. Je n’ai rien à faire. Je suis un Udaseena. Je suis indifférent. Je ne suis que Tatastha. Je ne veux pas de fruits. Ce monde est Anitya et Mithya. Il n’y a pas de vrai bonheur dans ce monde. Il y a d’innombrables Doshas dans la vie matérialiste. Il y a une béatitude suprême, éternelle et infinie dans l’Atman intérieur. En réalité, je suis Satchidananda Atman. J’utiliserai les Indriyas, le mental, le Prana et le corps comme instruments pour le bien-être du monde, pour Lokasangraha. Ce monde entier est mon propre Atman. C’est mon corps. Tout cet univers est ma maison. L’Atman est Nishkriya, Akarta, Niravayava et Avyavahara. » Il s’adonne constamment à Vichara et à la réflexion et s’établit dans sa propre Svarupa ; il brûle les résultats de ses actions dans le feu de la sagesse en réfléchissant de la manière décrite ci-dessus.
Un Bhakta s’abandonne et dédie toutes ses actions aux Pieds de Lotus du Seigneur comme Isvarararpana. Il dit : « Je suis un instrument entre les mains de mon Bien-Aimé. Je n’ai pas de volonté individuelle. Je suis à Toi mon Seigneur. Tout est à Toi. Que Ta volonté soit faite. Tu es tout. Tu fais tout. Pas même un atome ne peut pas bouger sans Toi. Pas même une feuille ne peut pas bouger sans Toi. Tu travailles à travers tous mes organes. Tu parles par ma bouche. Je t’offre tout ce que je fais ou mange. Je t’offre mes tapas et tout. Tu peux faire ce que Tu veux. Je ne vis que pour Toi. Je travaille pour Toi seul. Je ne peux pas vivre sans Toi, ne serait-ce qu’une seconde. »
Le travail ne peut apporter la souffrance, mais c’est l’attachement et l’identification au travail qui apporte toutes sortes de soucis, de problèmes et de malheurs. Comprenez le secret du karma yoga et travaillez sans attachement ni identification et vous atteindrez bientôt la conscience de Dieu. Ceci est Jnana. C’est Jnanagni (feu de la sagesse) qui brûle tous les fruits de ses actions.